Et moi, je vis toujours

« Vivre, pour moi, pour tous les moi où je me suis glissée les uns après les autres, c’était d’abord lire un livre. » À l’instar de Paul Valéry qui n’aimait pas beaucoup les romans – « la baronne sortit à cinq heures, ça ne m’intéresse pas »-, Jean d’Ormesson n’a eu de cesse de réconcilier littérature et science, les deux cultures. Sous sa plume, l’espace, le temps, la lumière devinrent d’infatigables compagnons romanesques. Cette fois, c’est l’Histoire, tantôt homme, tantôt femme, volant d’époque en époque, narrateur tour à tour africain, sumérien, troyen, ami d’Achille et d’Ulysse, citoyen romain, juif errant qui, sous le regard malicieux de l’Académicien, ressuscite l’aventure des hommes et leurs grandes découvertes. De la maîtrise du feu à la fabrication des outils, de la chute de Constantinople à l’invention de l’imprimerie, de la découverte du Nouveau Monde aux premiers pas sur la Lune, « au regard de l’univers, j’ai eu beaucoup de chance: j’ai trouvé sur mon chemin des conquérants, des bâtisseurs, des savants, des navigateurs. » Ni un livre d’histoire ni un roman historique, mais bien la mise en valeur des moments d’apogée d’un pays, d’une culture, des villes et des dieux. « Où les courses de chars et de chevaux succèdent aux combats de gladiateurs et annoncent, trait pour trait, la passion d’aujourd’hui pour les matchs de football. » L’Histoire se pique de se mêler à la légende en attendant le triomphe de la langue française, lorsque « la Renaissance éclate comme un fruit mûr, une grenade, un tremblement d’âme. » La conversation est une des formes les plus hautes et la marque de la civilisation, la voix de Jean d’Ormesson s’y élève avec clarté: « Quelque chose allait jouer un grand rôle tout au long de ma vie: c’était le bonheur. »

De Jean d’Ormesson, éditions Gallimard, 288 pages.

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