MARINA HANDS ET PATRICIA MAZUY NOUS OFFRENT UN SPORT DE FILLES AUX ÉMOTIONS PRENANTES. UN FILM D’ÉQUITATION ET D’APPRENTISSAGE OÙ BRUNO GANZ JOUE AUSSI UN RÔLE MAJEUR.

Il leur aura fallu bien du temps pour concrétiser un projet que Patricia Mazuy voulait préserver des compromis avec autant de détermination que son héroïne, jouée par Marina Hands, met à obtenir son cheval et sa chance dans la compétition équestre. « Le point de départ remonte à 2004, quand j’ai coréalisé un documentaire intituléBasse Normandie , et que le producteur qui nous avait aidé à finir le film a lancé l’idée de faire une fiction qui soit aussi forte. » La réalisatrice de Peaux de vaches et de Saint-Cyr imagina très vite la trame de Sport de filles,  » autour des rapports d’écurie« , et proposa le rôle principal à Marina Hands, qui s’engagea dès 2006. L’actrice avait une expérience personnelle du sport équestre,  » un vrai rapport au cheval qui pouvait rendre son interprétation totalement crédible. Sans elle, le film n’aurait pas été possible« , déclare avec enthousiasme une cinéaste qui avait découvert le potentiel de son interprète au théâtre où elle interprétait Ysé dans Le Partage de midi de Claudel.  » Avec sa force, sa puissance, elle prenait à elle seule toute la scène de la Comédie Française, je me suis dit qu’avec Marina, on pouvait faire Terminator à cheval! »

L’interprète de Lady Chatterley (avec un César à la clé) a suivi une préparation spécifique, un entraînement adéquat, pour maîtriser les techniques du dressage, elle qui n’avait fait, jusqu’alors, et comme l’héroïne de Sport de filles, « que » du saut d’obstacle.  » Quand je vois des films où des comédiens font semblant d’être musiciens, ou danseurs par exemple, dans un manque d’exigence qui signifie qu’on s’en fout absolument de la crédibilité, je trouve ça incroyable!« , commente Marina Hands. Laquelle a voulu, au prix d’un entraînement de plusieurs mois,  » que tout soit précis et exact, que les gens qui connaissent bien le dressage de haut niveau se disent que c’est vraisemblable« .

Ne pas lâcher

 » Les 2 personnages principaux, joués par Marina et Bruno Ganz, n’ont rien, mis à part leur talent, et une passion dévorante pour l’équitation, explique la cinéaste. Ils sont le miroir l’un de l’autre. Elle est comme une petite Madame Bovary dans le milieu du cheval, et lui un vieux sex-symbol de ces dames. Il va lui mettre le pied à l’étrier. Et elle va le libérer de ses frustrations, lui redonner le goût d’oser. » L’audace, Patricia Mazuy n’en a jamais manqué. Cinéaste intelligemment féministe, elle s’est battue pour conserver la nature éminemment physique de son film contre des financiers lui demandant de lui donner une dimension psychologique.  » Le cinéma, c’est raconter une histoire, une histoire qui commence au moment où débute le film, et qui finit au moment où le film s’achève. Il n’y a que ce qu’on voit! » Pour imposer ses idées, il aura fallu  » résister, ne pas lâcher, faire comme le personnage joué par Marina! »

L’actrice était engagée dans un projet théâtral avec Patrice Chéreau quand le projet Sport de filles reçut enfin le feu vert. Et comme le tournage ne pouvait plus attendre, elle sacrifia une prestigieuse aventure sur les planches à ce film qu’elle avait tant espéré, où elle met tellement d’elle-même… Bruno Ganz, lui, est la divine surprise, dans un rôle inspiré par Patrick Le Rolland, un « grand » du dressage.  » On galérait avec les acteurs français, alors un de mes producteurs m’a parlé de Bruno, se souvient Patricia Mazuy. C’est un immense acteur, mais je ne le voyais pas jouer l’autodérision du personnage. A mes yeux, ce n’était pas du tout un marrant… Mais on m’a montréPane e tulipani , une comédie italienne où il prouve le contraire. Le lendemain matin, je partais pour Berlin! Il a tout de suite été intéressé. Quand il était petit, il avait voulu faire du cheval, mais ses parents n’en avaient pas les moyens. Alors une histoire de cheval et d’argent, ça le branchait personnellement aussi… » Marina Hands avoue l’impact qu’a eu sur elle ce partenaire  » qui donne, qui n’est jamais dans la rétention mais qui offre plus de lui-même en jouant que la plupart des autres comédiens. Cette capacité de tout donner est rare! Je suis allée voir l’exposition sur Romy Schneider1 et j’ai été éblouie par cette qualité qu’elle a aussi. Les grands acteurs ne calculent pas! »

(1) VISIBLE JUSQU’AU 22/02 À L’ ESPACE LANDOWSKI, À BOULOGNE-BILLANCOURT, PARIS.WWW.EXPOROMYSCHNEIDER.COM

RENCONTRE LOUIS DANVERS

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