Elvis noir – Teddy Pendergrass:If You Don’t Know Me

© © SWR/Neal Preston

Les femmes étaient folles de lui. Les Noires comme les Blanches. Certaines l’attendaient devant sa chambre avec des couteaux et des flingues (elles voulaient le garder rien que pour elles). D’autres dans sa suite, déguisées en soubrettes. Sens du marketing… Il leur a même réservé des concerts ( Spend a Night With Teddy) avec distribution de sucettes goût chocolat en forme de nounours.  » Je ne vais pas vous piquer vos gonzesses, juste vous les chauffer un peu« , rassurait à l’époque Teddy Pendergrass la gent masculine et les maris méfiants.

Moins célèbre que d’autres soulmen comme Marvin Gaye, Sam Cooke et Barry White, Teddy était lui aussi un aller simple pour nuit torride, un ticket assuré pour le plumard. Un godfather du sexe. Un ancêtre du Viagra. Au-delà de sa voix suave, ses paroles étaient un irrésistible appel au contact charnel. « Turn off the lights and light a candle / Tonight I’m in a romantic mood / Let’s take a shower together / I’ll wash your body and you’ll wash mine / Rub me down with some hot oils, baby, yeah / And I’ll do the same thing to you. »

Passionnant, truculent, If You Don’t Know Me, c’est la vie mouvementée de Pendergrass racontée un peu comme celle du punk américain dans le bouquin Please Kill Me. Par une succession de citations filmées ou simplement audio où le poids des ans sur les souvenirs se mêle à la mauvaise foi et à la réécriture instrumentalisée de l’Histoire.

Sa mère avait accumulé six fausses couches avant sa naissance. L’arrivée sur cette Terre de Teddy, le 26 mars 1950, tient déjà quasiment du miracle. If You Don’t Know Me By Know piqué à la fin des années 80 par Simply Red, Don’t Leave Me This Way plus tard revisité par Jimmy Somerville et ses Communards… Sa carrière commence à décoller dans la confusion avec Harold Melvin & The Blue Notes. Personne alors ou presque ne sait qu’il en est le chanteur. Mais très vite, en solo, Pendergrass embrassera le succès. Avec quatre albums de platine successifs, une bicoque digne de Graceland, des voitures de luxe à gogo et même sa propre marque de jeans.

Sa mère, ses enfants, des vieux potes, journalistes, musiciens, quelques Blue Notes, le tandem d’auteurs compositeurs Gamble et Huff ou encore Questlove des Roots se succèdent à l’image pour brosser le portrait d’un mec au talent énorme et à l’ego surdimensionné qui voulait devenir le Elvis noir et a risqué sa vie pour ouvrir la voie aux artistes afro-américains. Un Black avec des zones d’ombre, du pognon et toutes les femmes à ses pieds. Cible favorite de la police qu’un accident de voiture rendra paraplégique à 31 ans… Hallucinant.

Documentaire d’Olivia Lichtenstein.

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