Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

MALGRÉ LE SUCCÈS DE LEUR 4E ALBUM, LES MANCUNIENS CONTINUENT À JOUER UN ROCK À DIMENSION HUMAINE. À VOIR SAMEDI, SUR LA SCÈNE PRINCIPALE DE ROCK WERCHTER.

Il y a une justice. Longtemps on a cru qu’Elbow allait rester à quai. Que la reconnaissance critique n’allait jamais se doubler d’un accueil public conséquent. Heureusement, The Seldom Seen Kid, 4e album sorti en 2008, a changé la donne, remportant notamment le prestigieux Mercury Prize, en même temps que les ventes décollaient. Guy Garvey, chanteur, se rappelle: « On était déjà en train d’écrire le disque suivant, prêts à passer à autre chose. On venait juste d’enregistrer un concert avec le BBC orchestra, qui s’est retrouvé sur l’espace interactif de la chaîne. Peu après, il a commencé à neiger massivement. Pendant une semaine, tout le pays était quasi bloqué, les gens ne pouvaient plus aller bosser. Du coup, ils se retrouvaient devant la télé où notre concert tournait en boucle. Après quelques jours, on nous a appelés pour nous prévenir que c’était le plus gros succès jamais enregistré par un programme interactif. Au même moment, le disque revenait dans les charts! » On peut pour une fois remercier les éléments…

Esprit de gang

Il y a quelques semaines, le groupe livrait la suite de leurs aventures. Build A Rocket Boys! est nourri par le même souffle. Du rock lyrique qui aurait oublié d’être lourdaud ( The Birds, Lippy Kids…), grandes envolées romanesques à fleur de peau ( TheNight Will Always Win). « On aurait pu pondre des hymnes pour stade. C’est probablement ce que les gens attendaient. Mais on ne voudrait pas tromper les premiers fans. On veut continuer à creuser notre truc, être fidèle à ce que l’on est. On reste par exemple davantage un groupe d’album que de scène. « 

Pour cela, Elbow est retourné se planquer sur l’île de Mull, « un endroit reculé, loin de tout, où il faut ramener en bateau sa bouffe et son alcool ». Une réclusion nécessaire après l’accélération qu’a connue le groupe? « Clairement. Même si le succès libère plus qu’il ne vous coince. L’aspect commercial, la réussite sont une considération, pas une motivation.  » Nourri à la mélancolie, Guy Garvey a dû aussi chercher ailleurs les raisons d' »aller mal », le succès ayant amené un nouveau confort, jusque-là inédit. « C’est vrai. La plupart ont aussi maintenant une vie de famille. Mais avec les nouvelles joies, il y a aussi toujours de nouveaux questionnements, de nouvelles angoisses. »

Mais ce qui frappe chez Elbow, c’est toujours autant l’humilité de la démarche que la cohésion du groupe. Il faut entendre Garvey parler de ses potes: « Il y a un respect mutuel et la conscience de partager un truc pas banal. Tout le monde sent que l’entité est plus grande que la somme des parties. En gros, on est dans le même gang qu’à 16 ans. Je ne pourrais pas ne pas les avoir dans ma vie. «  Chez la plupart des groupes, le discours sonnerait faux. Pas chez Elbow, qui loue ce sens du collectif, voire de la communauté, dans sa musique même. Par exemple en faisant appel à des ch£urs ( Open Arms). Garvey sourit: « Oui, cela a toujours été important pour nous. Sans vouloir sonner comme Bono, c’est incroyable ce que les gens peuvent accomplir ensemble. «  l

ELBOW, BUILT A ROCKET BOYS!, UNIVERSAL

LAURENT HOEBRECHTS

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