Ils se connaissent depuis longtemps. Depuis toujours en fait, ou presque. L’occasion d’une petite causerie, avant leur passage sur la scène du Focus Club. An Pierlé et Sharko, 2 faces d’un même rock belge.

Samedi, 19 h, dans les grandes allées désertes de Tour & Taxis. Juste avant de passer à table, on entreprend de cuisiner An (Pierlé), Koen (Gysen) et David (Bartholomé), le leader de Sharko. Pardonnez les familiarités. C’est qu’à force de les croiser… Cela fait plus de 10 ans quand même. En 1999 précisément sortait le 1er album de l’une ( Mud Stories) et de l’autre ( Feuded). « C’est aussi à ce moment-là qu’on a dû faire nos premières interviews croisées, taquine David. Tu te souviens à Liège? Au restaurant de la Soundstation? » An Pierlé fouille sa mémoire, en vain. « Par contre, je me rappelle d’une date en commun dans le sud de la France. Il n’y avait pas de toit au-dessus de la scène, et les backstage étaient composés de caravanes. C’était vraiment chouette. »

Aujourd’hui, An Pierlé, toujours épaulée par son compagnon Koen Gysen, s’apprête à sortir son 5e album, Hinterland. Sharko publie lui un premier best of. An Pierlé y picore volontiers I Went Down. « Le titre Excellent aussi, même s’il me rend dingue. A chaque fois que je l’entends, je l’ai en tête pendant une semaine! » Dans le répertoire d’An Pierlé, David revient lui sur un des premiers titres d’ Helium Sunset. « Mais ce que je retiens aussi et que j’écoute de temps en temps, c’est ta reprise de Are ‘Friends’ Electric? de Gary Numan. Dans la version piano-voix, tu fais encore davantage ressortir ce qu’il y a de surprenant dans le morceau. »

Ensemble sur la ligne de départ, les 2 groupes ont forcément évolué. De la même manière? David: « Sincèrement, je ne crois pas. En Flandres, il y a un pouvoir économique, un pouvoir médiatique aussi, qui ne sont pas les mêmes qu’en Wallonie. Une culture rock aussi. On était par exemple très impressionnés par le nombre de disques que pouvait vendre An. Lors de cette fameuse interview à la Soundstation, je me rappelle que le journaliste revenait sur le fait qu’An venait d’obtenir un disque d’or! Et toi, tu es là, à côté…  » Aujourd’hui, par contre, tout le monde semble à égalité devant la crise du disque. Koen: « On se dit que chaque album peut être le dernier, c’est clair. «  David: « L’autre jour, j’ai des nouvelles du mixeur anglais avec qui on avait travaillé pour Molecule en 2007. Un cador qui avait bossé sur du Robbie Williams et tout ça… Aujourd’hui, il a dû arrêter et il a trouvé un boulot dans la police… Si même à Londres, cela devient impossible… «  Sharko simple flic? An: « Il faut qu’il se laisse pousser la moustache alors. »

On résume. D’un côté, Sharko, groupe francophone bruxellois qui compte en son sein des musiciens flamands (Teuk Henri). De l’autre, An Pierlé, artiste flamande qui a toujours énormément tourné en Wallonie: sans forcer le trait, il y avait une logique à les voir inaugurer le Focus Club. Juste avant de passer à table, on relance d’ailleurs l’éternelle question de la belgitude. « Pour moi, c’est Koen, ose David. Il dégage un truc de très belge. Regardez sa barbe, il a quelque chose du roi Léopold II, non? » Ou quand le poil fait la force… l

Sharko, Best of, Pias. Sortie le 08/10.

An Pierlé, Hinterland, Pias. Sortie le 18/10.

Texte laurent hoebrechts

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