VIRGIN SUICIDE – ARCHAÏQUE DANS SES GAMEPLAYS ET SA RÉALISATION GRAPHIQUE, DUKE NUKEM FOREVER SE RÉVEILLE APRÈS 14 ANS D’ABSENCE. GUEULE DE BOIS.

ÉDITÉ PAR 2K GALES ET DÉVELOPPÉ PAR GEARBOX SOFTWARE, ÂGE 18+, DISPONIBLE SUR PLAYSTATION 3, XBOX 360, PC ET MAC.

Ex-magicien professionnel qui tournait à Hollywood, Randy Pitchford pensait se fendre du plus beau tour de sa carrière en réanimant le cadavre encore tiède de Duke Nukem. Le First Person Shooter, long d’un développement erratique de 14 ans, avait de fait tué 3D Realms, son studio géniteur avant de se retrouver aux mains de Gearbox Software. « Nous avons repris le projet à une équipe laminée psychologiquement », sourit Pitchford. « Après s’être fait virer, 8 développeurs de l’équipe originelle ont continué à travailler bénévolement sur le projet. Ils ne voulaient pas lâcher l’affaire, quitte à ne manger que des pâtes au fromage.  » Pas sûr toutefois que le noyau dur de l’équipe passe au caviar.

Avec son cigare, ses babes, ses bières et ses blagues sous la ceinture, Duke Nukem balançait des tartes à la crème aux FPS très premier degré comme Killzone 3 et Call Of Duty: Black Ops. Dès les premières minutes du nouvel épisode, la satire démange la peau. Après une rapide mise en abîme propulsant le Duke dans son propre jeu vidéo (nul bien entendu), on découvre que son ego a contaminé Las Vegas et les bouches des s£urs Olsen. Roi d’un empire en toc qu’il a sauvé d’une invasion extraterrestre, le héros 90’s habite désormais l’étage 69 d’une tour où les téléviseurs sont badgés boob tube.

« Ce soir tu dîneras en enfer.  » De temps à autre, les répliques fusent lorsqu’on explose au shotgun le groin d’un Big Cop ou le bulbe purulent d’un Octabrain. On se surprend parfois à sourire, mais la caricature des excès d’une certaine Amérique déçoit. Le potentiel de l’univers grotesque du Duke est sous-exploité. On est loin de l’ Idiocracy d’un Mike Judge.

Beavis and Nukem?

En mains, le ringard magnifique passe du médiocre à l’acceptable. D’une banalité éreintante, les phases FPS du premier quart du jeu font place à une action plus rythmée par la suite. Les sensations très arcades de l’épisode 3D de 1996 ressurgissent, dès que les armes les plus funs du jeu débarquent entre rayon rétrécisseur (pour écraser les ennemis d’un coup de pied) et hologramme (pour les tromper). Hyperactif et plus fort quand il avale des amphétamines et des bières, la coupe à la brosse la plus célèbre du jeu vidéo change de gameplays comme de pin-up au fil de sa chasse à l’alien.

On se retrouve donc avec des séquences de plate-forme scolaires et rébarbatives. Le pilotage d’un Big Foot en plein Far West, lui, est acceptable. Bien que nombreux, les quelques mini-jeux annexes comme la destruction d’immeubles à coups de grue et les interactions avec le décor (qui permettent d’augmenter son Ego, soit sa barre de vie) ne relèvent pas la sauce non plus. Il faut dire que la modélisation graphique surannée de l’ensemble n’invite pas vraiment à l’exploration. Faut-il achever Duke Nukem d’une balle dans la tête? A priori, non. Car après une attente chaotique de 14 ans, il s’est suicidé comme un grand.

MICHI-HIRO TAMAÏ

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