Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

BEST DES BEST OF, TOP DES MEILLEURS BOX DE L’ÈRE CD, CETTE SÉLECTION SUBJECTIVE DE FOCUS REMONTE LE DERNIER QUART DE SIÈCLE POUR EXTRAIRE QUELQUES COFFRETS HISTORIQUEMENT INDÉMODABLES.

Du temps du vinyle, le coffret est une chose rare et précieuse, davantage utilisée pour l’événementiel -le triple album Concert For Bangladesh sorti fin 1971- que pour capitaliser sur des bilans de carrières ou faire fructifier l’arbre de Noël. La naissance du CD change la donne. Fin 1982, The Visitors d’Abba est le tout premier album pop à bénéficier d’une sortie en CD, mais c’est Brothers In Arms de Dire Straits qui, en 1985, intronise massivement le nouveau media numérique. La mode du coffret fleurit dès lors dans tous les jardins des labels: d’autant plus que l’histoire du rock se prolongeant, les artistes deviennent enfin comptabilisables en plusieurs volumes.

La révolution digitale s’accompagne aussi d’un remastering corrigeant les défauts de vieillissement des anciennes bandes analogiques. Le box est un prétexte à proposer des inédits, des raretés et/ou des remixs, démarche jusque là inédite. Last but not least, le coffret CD permet de reprendre du volume et de sortir du frustrant mini-format Compact Disc: pas pour rien qu’une partie des box adopte la forme, extérieure, d’un coffret de vinyles. Constat désolant: la plupart des box répertoriés ici ne sont plus au catalogue officiel des distributeurs mais se trouvent assez facilement sur le Net. Vintage un jour…

NICK DRAKE: « FRUIT TREE »

1986, RYKODISC. PRIX: ENVIRON 45 EUROS.

L’un des premiers coffrets significatifs à paraître en CD, ce 4 disques est un vrai trésor qui réactualise la production de Drake (1948-1974) alors invisible sur le marché. Le style profondément mélancolique de cet Anglais né en Birmanie va influencer des artistes aussi différents que Kate Bush, Paul Weller, Blur ou The Black Crowes… Il n’a rien perdu de sa magique sobriété.

CLASH: « CLASH ON BROADWAY »

1991, SONY MUSIC. PRIX: ENVIRON 105 EUROS.

Trois CD, 63 titres: 5 ans après la fin du groupe anglais, cette première compilation est une affaire juteuse qui parcourt tous les albums du quatuor à l’exception du dernier réalisé sans Jones et Headon. Il contient des inédits mais plus encore des raretés précieuses, tels que Capital Radio One, paru en 1977 comme flexi-disc dans le NME, et des extraits du Black Market Clash de 1980. D’autant plus inoxydable que le livret présente des textes de Lenny Kaye et Lester Bangs.

BOB DYLAN: « THE BOOTLEG SERIES VOLUMES 1-3 »

1991, SONY MUSIC. PRIX: ENVIRON 50 EUROS.

Sorti il y a pratiquement 20 ans, en mars 1991, ce triple CD destiné à contrecarrer la flopée de bootlegs dylaniens sur le marché sera un succès massif: disque d’or aux Etats-Unis, fait rare pour un coffret. C’est aussi le plus excitant d’une série qui en est aujourd’hui au 9e volume: il parcourt les années 1962-1989, pour une poignée de réels inédits tels que le scintillant Blind Willie Mc Tell daté de 1983. A l’époque, ce box confortait aussi le mythe du chanteur au répertoire infini. C’est toujours le cas.

THE BEACH BOYS: « THE PET SOUNDS SESSIONS »

1996, EMI. PRIX: ENVIRON 33 EUROS.

Moment absolu d’anthologie dans la carrière de Brian Wilson, Pet Sounds, sorti en 1966, marque son pic créatif et l’accélération des névroses qui l’amèneront à foirer le projet Smile et à se détacher des Beach Boys. Les 4 CD présentent l’album en versions mono (remastérisée) et stéréo mais aussi en un extraordinaire CD reprenant les vocaux a capella des chansons. Magistral.

JOY DIVISION: « HEART AND SOUL »

1997, WARNER. PRIX: ENVIRON 38 EUROS.

Premier et seul coffret à ce jour sorti sur le groupe de Manchester, déjà largement mythifié à l’époque de sa parution en 1997. Les 4 CD englobent les 2 albums studio et 2 autres de raretés et d’enregistrements live. Le son en concert est parfois limite, mais la performance de Joy Division est continuellement impressionnante. Le très beau livret s’avère aussi magnétique, notamment par les textes signés entre autres Jon Savage.

MARC BOLAN & T.REX: « 20TH CENTURY SUPERSTAR »

2002, UNIVERSAL. PRIX: ENVIRON 45 EUROS.

Star-météorite, Bolan aura provoqué une t.rexmania qui, à son zénith (1972), tutoie la gloire irrationnelle des Beatles. Quatre CD et un livret bourrés de photos sur l’elfe anglais, idole des teenyboppers seventies, exposent la mutation du mod Bolan au psyché Marc qui deviendra la vedette glam t.rexienne, prématurément zigouillé dans un accident de voiture en septembre 1977, 2 semaines avant ses 30 ans. La musique est, globalement, à la hauteur de la légende…

ALAIN BASHUNG : « A PERTE DE VUE »

2009, UNIVERSAL. PRIX: ENVIRON 130 EUROS.

Récipiendaire de ce qui se fait de pire en variétoche française ( Star Academy et consort), Universal France (et ses multiples labels) est paradoxalement celui qui soigne le mieux ses rééditions et ses box. Et quand il s’agit du plus grand créateur français de la génération rock, c’est Byzance! Après un premier colosse boxé en 2002 ( Les hauts de Bashung), la boîte de Pascal Nègre pousse encore un peu plus l’hommage -posthume cette fois- en sortant ce magnifique compte-rendu bashungien: 12 albums studio, 2 autres avec Chloé Mons et Rodolphe Burger, 5 (!) albums Live, 2 instrumentaux et 3 de documents, duos et raretés. Le tout, dans un package classe et (in)sensé. Quand on écrit que c’est l’£uvre -et le cadeau- de toute une vie, pour le coup, ce n’est pas une formule.

PINK FLOYD : « OH BY THE WAY »

2007, EMI. PRIX: ENVIRON 140 EUROS.

Comme d’autres rétrospectives d’artistes imparables (Beatles, Stones, Elvis, Doors), ce box reprenant les 14 albums officiels du Floyd est toujours en distribution commerciale. Logique. Malgré tous les fantasmes véhiculés sur les dérives du Floyd – » groupe pour tester la Hi-Fi1973 » (sic)-, sa somme de musique qui parcourt les années 1967-1994 est vraiment étourdissante. Un über classique, vraiment.

PHILIPPE CORNET

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