Division d’honneur

© OLIVIER DONNET

Emmenée par deux MC’s trisomiques, la Choolers Division sort un premier album au hip-hop extraterrestre.

 » Il faut cultiver la différence et non l’indifférence« , clamaient les Inconnus dans une réplique devenue culte des Trois Frères. C’est ce que méritent assurément la Choolers Division et son hip-hop tordu, brut, expérimental. Au départ, il y a un projet européen né en 2009. La rencontre de professionnels et de six handicapés mentaux parmi lesquels Pascal Duquenne ( Toto le héros, Le Huitième Jour…). La musique, à l’époque, oscille entre rap, punk, ginguette… Mais l’encadrement nécessaire est coûteux et le groupe a du mal à sortir du circuit institutionnel. Depuis, la formule a été revue, recentrée autour du hip-hop et de deux trisomiques. Il y a Kostia Botkine, le Français. Fils d’artistes (père bluesman, mère plasticienne) qui a débarqué en connaissant B.B. King et Johnny Cash. Puis il y a Philippe Marien, le Belge, Phiphi pour les intimes, qui a rejoint l’aventure via la Choolers Academy et ses auditions. Un fan inconditionnel de Michael Jackson et de son moonwalk. Loin de l’atelier protégé et de la musicothérapie, les deux MC trisomiques sont encadrés par deux musiciens indépendants. Jean-Camille Charles et Antoine Boulangé, dont le paternel a fondé le Créahm.

Division d'honneur

Décodeur

Après un split, l’an dernier, avec les rockers de Billions of Comrades, la Choolers Division dégaine donc son premier album. Enregistré à Sprimont, au studio Koko, avec Laurent Eyen (Experimental Tropic Blues Band, It It Anita, Showstar…), ce disque fait plus que flirter avec le rap expérimental. Il l’embrasse. Le retourne. Le secoue. Complètement barré mais jamais inaudible. Le beat est bancal, imprévisible, trituré. Le flow d’une force rare. Entre cris de rage et complaintes à fleur de peau.

 » Je veux du travail. C’est ça l’important.  »  » Je te caresse. Le corps. Le visage. Les fesses.  »  » Arrête de faire chier.  »  » Ta gueule. » Faut souvent un décodeur (comme régulièrement dans les concerts de rap) et les mots se bousculent dans leur bouche. Mais quelques phrases explosent dans la gueule de l’auditeur. Le reste du temps, Botkine et Marien semblent inventer leur propre langage. Extraterrestre, surréaliste. On ne s’en rend pas nécessairement compte à la première écoute mais ce disque, album urbain de villes qui n’existent pas encore, parle de sexe, d’amour, de Peter Pan et de la Reine des neiges. Jusqu’au-boutistes, ces treize chansons -en comptant Où poser les yeux, son bonus digital, relecture d’un titre de leur ami et partenaire de jeu Carl Roosens- imposent les Choolers comme l’une des plus géniales anomalies de la scène musicale belge. À voir sur scène près de chez vous…

Choolers Division

« Choolers Division »

Distribué par Black Basset Records.

8

Le 29/11 au Vecteur (Charleroi), le 30/11 au Water Moulin (Tournai), le 04/12 au Reflektor (Liège).

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