ALELA DIANE, QUI ENREGISTRE DÉSORMAIS AVEC UN GROUPE, LES WILD DIVINE, COMPOSÉ DE SON PÈRE ET DE SON MARI, DÉLAISSE LE FOLK POUR L’AMERICANA. LA FILLE CACHÉE DE TOM PETTY?

A la sortie de son 1er disque, on avait rencontré une enfant des bois, une jeune fille en harmonie avec la nature et la délicatesse acoustique qui berçait son Pirate’s Gospel. Quatre ans plus tard, Alela Diane a changé. C’est une femme séduisante et sensuelle -mais attention mariée- qui débarque à Bruxelles pour parler de son 3e disque. Alela a quitté Nevada City où elle a grandi en même temps que Joanna Newsom et son amie Mariee Sioux ( » elle travaille sur un album mais -faites passer le mot- elle n’a plus de label« ), s’est installée à Portland avec son Jules et a, musicalement s’entend, viré sa cuti. Délaissant le folk plus ou moins dépouillé pour l’americana et un peu d’électricité.  » Beaucoup, quand ils pensent Alela Diane, m’imaginent encore en train de jouer de la guitare acoustique toute seule sous un arbre au bord d’un lac. Si j’avais sorti pareil disque à nouveau, j’aurais trompé l’auditeur et je me serais menti à moi-même.  » La Californienne s’est donc inscrite dans une vraie dynamique collective. Encadrée par les hommes de sa vie, son père et son époux, elle ne caresse les cordes que sur 2 ou 3 morceaux d’un disque étiqueté Alela Diane & Wild Divine.  » Je le sentais au plus profond de moi: cet album devait être enregistré en groupe. J’avais l’impression de me retrouver face à un mur avec ma guitare. C’est un super outil pour écrire des chansons. Mais j’avais un peu l’impression de piétiner. En plus, je dispose de beaucoup plus de liberté dans le chant quand il n’y a rien d’autre dont je dois me soucier.  »

Out of time…

De son propre aveu, elle n’a jamais écouté beaucoup de musique et sa collection de disques est un peu foireuse…  » Il y a 6 mois, j’ai achetéSurrealistic Pillow du Jefferson Airplane et, il y a quelques semaines, le dernier album de Beach House.  » Pour la 1re fois, Alela a cependant décidé de travailler avec un producteur et, pour l’épauler, elle n’a pas choisi n’importe qui. Elle a jeté son dévolu sur Scott Litt. Collaborateur de Nirvana, New Order et autre Patti Smith qui se cache derrière quelques-uns des plus célèbres R.E.M.( Green, Out of time, Monster).  » Il n’avait plus rien produit depuis 7 ou 8 ans. Ces derniers temps, il avait mis sa carrière entre parenthèses et donnait cours à des enfants en difficultés de Los Angeles. Des gamins du ghetto qu’il aidait à enregistrer. Je pense qu’il en tirait davantage de satisfaction que de se retrouver avec un groupe en studio. Toujours est-il qu’il se sentait prêt à bosser sur un nouvel album.  »

Sollicité par Geoff Travis, patron de Rough Trade, Litt a commencé par mettre de l’ordre dans son entourage musical.  » Il n’a pas appuyé sur le bouton Michael Stipe de sa console. Je suis loin de sonner comme R.E.M. ou Nirvana. Mais il a tout de suite vu clair. Tout le monde dans mon groupe était guitariste. Même le batteur et le bassiste. Il a d’emblée souligné que Tom (mister Alela Diane, ndlr) devrait passer à la gratte et que je ferais mieux de trouver un autre joueur de basse.  »

Certaines choses restent malgré tout immuables. Dans ses chansons, la Belle continue de chanter ce qu’elle a vécu ou rêvé. Suzanne par exemple, c’est le nom de sa mère.  » Toutes les 2, nous rêvons régulièrement de la maison dans laquelle j’ai grandi quand elle vivait encore avec mon père. Ils l’ont vendue lorsqu’ils se sont séparés. Quand j’y pense en dormant, elle est là. Jeune. Avec des cheveux noirs. On fait le tour de la propriété comme dans le temps… Ce morceau se demande pourquoi nous sommes toujours indéfectiblement liées à cet endroit. J’espère qu’il me permettra d’arrêter d’y penser.  » Quant à Elijah, c’est le fils d’une jeune femme rencontrée dans le sud de la France avec qui elle a parlé maternité. « Il m’est presque impossible de jouer avec la fiction. Tout ce que j’écris est le fruit d’expériences, d’endroits où j’ai été, de gens que j’ai côtoyés.  »

La route, ses rencontres, ses paysages ont profondément marqué le disque. La plupart des paroles ont d’ailleurs été écrites dans le fond du van pendant la tournée qui a suivi la sortie de To Be Still.  » Après, j’ai fait pratiquement un an sans tourner. J’ai acheté une maison à Portland. Je me suis mariée. Et j’ai travaillé sur mes morceaux. Je me levais tard. Je prenais un bon petit déjeuner. Je buvais trop de café. Et puis je m’asseyais derrière le piano pour composer. Mes 2 premiers disques avaient quelque chose de plus accidentel.  » De plus fragile aussi. l

LE 1/5 À L’ANCIENNE BELGIQUE. WWW.ALELADIANE.COM

RENCONTRE JULIEN BROQUET

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