Deux mètres dix

Dans les coulisses du sport de haute compétition, deux sauteuses en hauteur, l’une américaine et l’autre kirghize, et deux haltérophiles de mêmes nationalités s’affrontent, non pas tant pour remporter l’or aux Jeux Olympiques de 1980 mais surtout pour « casser du rouge », faire valoir des revendications indépendantistes ou bouter le capitalisme hors du monde sportif, le tout sur fond de guerre froide. La minutie avec laquelle l’auteur décrit les sauts aériens et la lutte avec la fonte, les uns auréolés d’une poésie sensuelle, les autres façonnés de la puissance phénoménale des héros, nous fait frémir au diapason des gestes sportifs. Mais derrière ces exploits, il y a les séquelles du dopage, des privations et des contraintes auxquelles ont été soumis les athlètes. Quand on les retrouve aujourd’hui, ils sont devenus des femmes stériles et torturées par des douleurs insoutenables, des haltérophiles obèses qu’accablent les problèmes cardiaques, quand ils n’ont pas disparu dans les camps de Sibérie. La guerre froide est terminée et, après les regards haineux aux Jeux Olympiques, place à la paix entre ces sportifs dont la solitude a souvent été la seule compagne. Après la place qu’il avait déjà consacrée à un marathonien aux confins de l’Éthiopie et la Somalie, Jean Hatzfeld déroule une fois de plus son récit autour de ceux à qui il semble vouer une grande admiration.

de Jean Hatzfeld, Éditions Gallimard, 208 pages.

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