Des vies débutantes

Fin 1992, Adrien, jeune photographe français, fait le taxi dans le Wisconsin et documente son périple en bordure du Mississippi. Au volant d’une Oldsmobile Sedan 1987, il chaloupe sur l’asphalte, croque une galerie de portraits où s’engouffrent les Gros-Bill, les danseuses de country sur le retour, les alcooliques. Le temps d’une pause, Adrien sort son Nikon F4 et un joli grand angle de 28 millimètres. Cette première partie, où Sébastien Verne saisit la torpeur ambiante d’une communauté tiraillée par les conservatismes et l’envie de retourner pêcher, impressionne la pellicule. Ensuite, c’est plus diffus… Recruté dans le Maine pour un job de technicien labo, Adrien s’acoquine avec Travis, « le poteau », et Gloria, sa souris qui adore le papier, « surtout s’il est argentique ou si c’est des billets de cent dollars ». « Imposteurs de circonstance, mauvaise graine joyeuse », la bande fomente quelques mauvais coups. Vingt ans plus tard, vient le temps du bain révélateur, plus ardu. Décousues, les trois parties de ce premier roman se rejoignent laborieusement, les jointures se décollent. Peut-être pas assez campé, le trio de personnages peine à s’incarner. On retient de ce galop d’essai balbutiant une envie impérieuse de faire du « noir » autrement, quitte à égarer le lecteur dans quelque clair-obscur.

De Sébastien Verne, éditions Asphalte, 192 pages.

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