Des jours sauvages

Embarqués à bord d’un ferry pour fuir la Grande Grippe qui ravage l’Europe, une centaine de passagers font naufrage sur une île inconnue. Pour repartir, il faut construire un voilier de fortune. Mais certains, ayant pris goût à cette nouvelle vie, veulent qu’on les oublie. Entre les partants et les saboteurs, le conflit éclate. « Ils avaient laissé derrière eux les villes polluées et les étés caniculaires, l’argent, le travail salarié, le temps compté, le temps perdu sur Internet, tous ces liens invisibles qui empêchaient d’être heureux. La catastrophe était leur chance. » Grâce à un début tonitruant, des flash-back lancés tels des fusées de détresse, le mystère entourant ce groupe échoué en plein éden tropical, le romanesque échevelé de Xabi Molia ( Les Premiers) balaie les appréhensions de livre possiblement opportuniste, écrit à la va-vite durant le confinement. Ensuite, gorgé de culture télévisuelle – Lost en ligne de mire-, le feuilleton haletant s’enlise: « pas un jour ne s’écoulait sans un procès improvisé, une séance d’auto-dénonciation ou une punition publique ». Pour dire la cruauté sauvage qu’entraîne ce reflux de civilisation, Molia n’y va pas de main morte. Mais le tranchant du récit s’émousse face à la violence, intacte et destructrice, de la passion des hommes.

De Xabi Molia, éditions du Seuil, 256 pages.

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