Romeo + Juliet. De Baz Luhrmann. Avec Leonardo DiCaprio, Claire Danes, Pete Postlethwaite. 1996. Dist: Fox.

Moulin Rouge. De Baz Luhrmann. Avec Nicole Kidman, Ewan McGregor, Jim Broadbent. 2001. Dist: Fox.

Un simple coup d’£il à ses films suffit à s’en convaincre: Baz Luhrmann n’est pas du genre à faire les choses à moitié. Si son cinéma est, par divers aspects, celui de l’excès et de l’outrance, le perfectionnisme du réalisateur y transpire aussi de chaque plan. C’est dire si la sortie en Blu-ray des 2 films majeurs de sa trilogie du Rideau Rouge, à savoir Romeo + Juliet et Moulin Rouge, fait aujourd’hui figure d’événement. Sans surprise, l’auteur s’y est d’ailleurs investi sans réserve, trouvant là, à l’évidence, un support à sa main, et adoptant, pour le coup, une attitude qu’il résume en ces termes: « Comme cinéaste, impossible de savoir si vous aurez l’occasion de revisiter vos films. Nous nous sommes donc lancés dans ce processus comme si cela devait être la dernière fois.  »

Le résultat ne manque pas d’impressionner qui, sans toucher au métrage d’origine, n’en propose pas moins un transfert d’une qualité particulièrement bluffante, à quoi il ajoute des compléments comme on n’en avait rarement vu, histoire de rendre l’expérience de chacun des films plus complète et intense encore. Le must en la matière réside dans la fonction Picture-in-Picture dont sont dotés les 2 titres. Soit, suivant une architecture en arborescence, une lecture du film qui ajoute au commentaire audio diverses incrustes signifiantes (infos brèves présentées sous formes de cartoons, images du tournage, etc) mais aussi, la possibilité d’accéder, d’un clic sur une icône ad hoc, à divers documents explorant des aspects particuliers du film.

FRAGILITÉ JUVÉNILE

L’éventail en est large voire exhaustif, et joue sur des registres divers: celui de la leçon de mise en scène lorsqu’il s’agit des répétitions de la scène d’ouverture de Romeo + Juliet; celui de l’émotion lorsque l’on découvre Leonardo DiCaprio et Claire Danes mimant la nage dans une piscine vide, en préparation à l’une des scènes les plus fameuses du film. Et on en passe, qui constituent une plongée sans précédent dans l’univers du réalisateur, qui y a ajouté quelques perles de sa chambre forte -ainsi de ces images, inédites, du premier baiser que s’échangèrent Leonardo DiCaprio et Claire Danes, saisis dans leur juvénile fragilité lors des essais du film; ce même DiCaprio qui déclare, dans un bref entretien d’époque: « J’aimerais être connu comme un bon acteur, faisant de bons choix. J’espère que dans 10 ans, j’aurai maintenu ce cap… « 

Egalement revisité, Moulin Rouge n’apparaît certes pas moins riche. De ce qui reste à ce jour le chef-d’£uvre de son auteur, le spectateur découvre les dessous, classiques, comme l’écriture du film, ou insolites, comme cette première danse esquissée par Nicole Kidman et Ewan McGregor, ou encore les essais de voix de l’une et l’autre, respectivement sur Sad Diamonds « Ce n’est pas tant la perfection que l’émotion qui importe », explique à ce propos Luhrmann-, et sur Father & Son de Cat Stevens, ouverture pressentie du film, avant que ce dernier ne juge l’utilisation de sa chanson inappropriée. Là encore, la manne apparaît inépuisable, donnant à cette plongée derrière le rideau rouge de ces films un caractère aussi enchanteur que définitif.

J.F.PL.

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