LE COMÉDIEN EST LE PARRAIN DU FESTIVAL RAMDAM, QUATRIÈME DU NOM, QUI S’OUVRE MARDI PROCHAIN À TOURNAI. L’OCCASION D’UN RETOUR SUR L’ÉPOQUE DORÉE DE SON PARCOURS.

C’est, pour ainsi dire, en voisin que Gérard Depardieu ralliera le prochain festival Ramdam dont il est le parrain: 12,6 kilomètres tout au plus (à en croire Google Maps) séparent Néchin, où il s’installait avec grand fracas il y a quelques mois, de Tournai, où se tient la manifestation, du 21 au 28 janvier prochains. Entre le festival du film qui dérange « dans le sens pas rangé, « déplacé », inclassable, qui remue, questionne, suscite écho et débat, interpelle, chambarde, émeut, fait réfléchir, trouble, gêne, choque, importune, transgresse, bref, fait du barouf, du raffut, du vacarme (…) », suivant la note d’intention des organisateurs, et le comédien à la bougeotte, la rencontre tombait sous le sens. Elle nous vaut, parmi d’autres réjouissances, une rétrospective remontant le fil d’une filmographie qui aligne quelque 200 références (!) -auxquelles viendra bientôt s’ajouter le Welcome to New York d’Abel Ferrara, autour de l’affaire DSK, où il a pour partenaire Jacqueline Bisset, et dont des extraits seront dévoilés pour l’occasion.

Plutôt que de mettre l’accent sur ses productions récentes, comme le Mammuth de Kervern et Delépine, par exemple, ou encore ces films dont la liste s’étire telle un jour sans pain -les Astérix aux jeux olympiques, Disco, RRRrrr!, 102 dalmatiens, Diamant 13… – qui dérangent, en effet, à force d’être indignes d’un talent qui en fit l’un des (le?) plus grands acteurs français, Depardieu a choisi d’effectuer un bond dans le temps. A sa période Pialat (pourtant pas le dernier lorsqu’il s’agissait de déranger: personne n’a oublié son « si vous ne m’aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus », au moment de recevoir, dans un climat houleux, la Palme d’or pour Sous le soleil de Satan), l’acteur a préféré sa longue collaboration avec Bertrand Blier -huit films en commun. Trois d’entre eux sont repris dans cette sélection, et l’on est à vrai dire curieux de découvrir, 40 ans après la déflagration initiale, l’effet produit aujourd’hui par Les Valseuses, et le trio qu’il composait avec Patrick Dewaere et Miou-Miou. Elles sont assorties, pour le coup, de Préparez vos mouchoirs, réunissant les mêmes Dewaere et Depardieu autour de Carole Laure, et d’une Tenue de soirée où Blier malmenait les tabous de l’époque. En quoi il avait été précédé par Barbet Schroeder, dont l’acteur a choisi, fort à propos, d’exhumer Maîtresse, film sulfureux sous influence bunuelienne explorant la relation amoureuse s’installant entre une maîtresse SM et un jeune cambrioleur -Bulle Ogier et Gégé, qui d’autre?, tout en animalité. La qualité du film devait être occultée par sa charge scandaleuse; il n’en ira pas autrement de La Dernière femme de Marco Ferreri, dont le dénouement choc n’a pas manqué de marquer les esprits. Manière, enfin, de donner sa pleine mesure à cette carte blanche, l’acteur y a adjoint Salo ou les 120 journées de Sodome, de Pasolini, une oeuvre qui n’a assurément pas fini de secouer.

Si Gérard Depardieu sera omniprésent à l’écran, son agenda tournaisien reste pour autant assez flou. Gageons toutefois que l’acteur-citoyen du monde-viticulteur sera, en plus de celle d’ouverture, de la soirée Ciné fourchette du 26, repas gastronomique mettant à l’honneur des vins de « stars »…

TEXTE Jean-François Pluijgers

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