Dehors, la tempête

D’aucuns l’ont d’abord prise pour une énième adepte du pastiche inventif sur les réseaux sociaux -Clémentine Mélois a, entre autres faits d’armes, épilé L’Origine du monde de Courbet, ou multiplié les fausses couvertures de classiques de la littérature. Ces sots ignoraient qu’après un passage aux Beaux-Arts, elle a publié quantité d’ouvrages, et qu’elle est, depuis 2017, membre de l’Oulipo, pas moins.

Parfois (quand c’est bien fait), l’intime touche à l’universel. Dans Dehors, la tempête, l’artiste se confie. Il n’est écrit « roman » nulle part, et d’intrigue, il n’y en a pas vraiment; mais à travers le récit de ses lectures, Clémentine Mélois désacralise la littérature avec un grand « l » et, des mines de la Moria aux magasins Ikea le plus proche, elle nous happe dans le tourbillon de ses théories sur l’ennui en lecture des classiques, ses références à la madeleine de qui vous savez ( » Longtemps, je me suis couchée pas trop tard et ma tante Jacqueline me donnait un petit cake marbré « Papy Brossard »« ), ou à la culture pop (coucou Bobby Ewing!).

On la sent aussi toujours à deux doigts de se changer en Sophie Calle et de soudain écrire des lettres à cette Anaïs Chandion dont le nom apparaît, gravé, sur l’ancienne table d’écolier lui servant de bureau ( » Anaïs Chandion t trop bonne« ). Car le livre s’écrit sous nos yeux, et l’on entrevoit, dissimulé derrière ses étagères bardées de bouquins à foison, Clémentine Mélois chantonner cet hymne modeste et décalé, cette chanson d’amour lo-fi à la gloire de la Littérature.

De Clémentine Mélois, éditions Grasset, 240 pages.

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