APRÈS AVOIR FAILLI Y PASSER, LES LONDONIENS DE PALMA VIOLETS SONT DE RETOUR AVEC DANGER IN THE CLUB, UN DEUXIÈME ALBUM PLUS CLASH QUE CLASH.

« C’est avec le succès qu’arrivent les emmerdes… » Il y a deux ans, à la sortie de leur premier album, 180, Chilli Jesson, le bassiste et chanteur de Palma Violets, savait où il mettait les pieds. Visions prophétiques, paroles prémonitoires… Le jeune, énergique et flamboyant groupe londonien a bien failli passer la guitare à gauche. Sacrifié sur l’autel de la célébrité, d’une tournée interminable, d’un an et demi sur les routes.

« A un moment, tu t’ennuies, avoue le jeune rockeur de 21 ans toujours aussi simple, souriant et affable. Tu te demandes ce que tu branles. Ce que tu fous là. Pourquoi tu fais de la musique… Et ça nuit aux relations à l’intérieur d’un groupe. On ne se mettait pas sur la gueule mais nous ne nous aimions plus autant qu’avant. La dynamique est comparable à celle d’un couple. De ce que j’en imagine en tout cas. La passion, la vie commune, la lassitude qui s’installe… »

Plutôt que d’aller voir un psy et de se lancer dans une thérapie de groupe à la Metallica, les Palma s’en sont allés sauver leur peau dans la campagne galloise. Les paysages sauvages du comté de Pembroke. « On aurait pu prendre nos distances mais on a décidé de se rapprocher encore. De partir entre nous, loin de tout. On venait de jouer à Reading. Et notre tour manager nous a parlé de connaissances qui habitaient dans une ferme avec une grange où on pourrait rester gratuitement. Quelques heures plus tard, on se réveillait au milieu de nulle part. »

« Dans un petit village où tout le monde connaît tout le monde, décrit le batteur William Martin Doyle. Le genre d’endroit où tu peux demander que le bus public te dépose devant chez toi et où les conversations de ton voisin de comptoir au pub deviennent rapidement les tiennes. » « Partir au Pays de Galles est sans doute la meilleure décision qu’on ait prise, reprend Jesson. Il fallait qu’on passe du temps ensemble à faire autre chose que de la musique. On n’a pas branché une guitare pendant pratiquement deux semaines. On est juste resté là. On s’est beaucoup promené. Et on a retrouvé la flamme. »

Après avoir reconstruit leur amitié -« nous sommes sans doute plus proches qu’on ne l’a jamais été« -, les deux songwriters du groupe, Chilli et Sam Fryer, se sont remis à l’ouvrage. Bien décidés tous deux à éviter les clichés du deuxième album qui se plaint du quotidien de musicien et de la dureté de la vie en tournée… Danger in the Club n’est pas pour autant un disque politique ni même engagé. « L’époque y est peut-être propice mais moi j’ai encore beaucoup de choses à dire sur l’amour, la séparation. Quand tu t’engages, tu t’engages pour toujours. Comme Billy Bragg. Je suis encore jeune. J’écris sur moi et sur ce qui me tient à coeur. La musique m’est thérapeutique. Je garde la politique pour un autre disque. »

En attendant, plus Clashien tu meurs, ce deuxième effort confirme la filiation on ne peut plus directe avec la bande à Joe Strummer. « J’avais toujours voulu écrire de bonnes reprises des Clash, rigole Chilli avec autodérision. Les ingrédients nécessaires? Trois accords, des hurlements et une grosse batterie… »

Culture pub

Pour les épauler dans l’accouchement de Danger in the Club, les Palma ont embauché une véritable légende du rock anglais en la personne de John Leckie. Connu pour son travail avec The Fall, Simple Minds, XTC, Ride ou encore Elastica, Leckie se cache derrière les deux premiers Stone Roses, The Bends de Radiohead, le K de Kula Shaker, le Showbiz de Muse… « C’eut été too much et trop proche de l’os que de bosser avec un Mick Jones. Je rêve plutôt pour l’instant d’écrire avec lui le nouvel hymne de QPR…John Leckie est l’une des dernières icônes de la musique britannique. Quand tu vois avec qui il a travaillé dans des genres différents, tu réalises toute l’influence qu’il a pu exercer sur la musique anglaise. C’est un type très old school dans sa façon de travailler. Il nous a fait répéter. On se disait va te faire foutre. On connaît nos chansons. Mais il nous rétorquait: je bosse avec des groupes depuis 40 ans. Ecoutez-moi: retournez vous entraîner. »

Les nouveaux titres ont été mis en boîte au Doghouse et au Rockfield Studios. Un lieu idyllique près de Henley sur les bords de la Tamise d’une part et ce qui fut de l’autre en 1965 le premier studio résidentiel au monde. L’endroit où sont nés Bohemian Rhapsody et (What’s the Story) Morning Glory. Mais aussi dans les années 70 plusieurs albums de Dr. Feelgood… Ça tombe bien. Le pub rock a profondément marqué le nouveau Palma… « John nous faisait écouter des trucs tous les soirs. The Man with the Golden Arm de Barry Adamson, Demis Roussos… C’était génial. On m’a souvent conseillé de ne pas trop insister là-dessus parce que le pub rock n’a pas la cote. Mais moi, j’aime Eddie and the Hot Rods. (Il se met à chanter Do Anything You Wanna Do, ndlr) J’adore. Un des meilleurs singles jamais enregistrés. Ça m’a toujours fasciné parce que ce sont des chansons pop, rien de trop compliqué pour l’auditeur, mais avec quelque chose de très sauvage. Des morceaux marqués par des influences fifties américaines mais cuisinés à la sauce anglaise. »

Un atout fondamental aux yeux d’un groupe so british qui peste contre les fermetures de Madame Jojo et du 12 Bar tout en évoquant le pré-punk et les Kinks… « C’est important de défendre tes couleurs et de tenir haut le drapeau. Le pub rock représente à Londres tout un pan de notre histoire musicale. Puis quand tu penses à Career Opportunities de The Clash et à Keys to Your Heart des 101ers, tu réalises que la frontière est parfois ténue entre le punk et le pub. » Amen.

DANGER IN THE CLUB, DISTRIBUÉ PAR ROUGH TRADE.

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LE 19/07 À DOUR.

RENCONTRE Julien Broquet

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