DANS LES ANNÉES 50, DOUGLAS SIRK PORTAIT LE MÉLODRAME À INCANDESCENCE. TROIS DE SES FILMS (RES)SORTENT EN DVD, DONT LE RARISSIME THUNDER ON THE HILL.

Thunder on the Hill

DE DOUGLAS SIRK. AVEC CLAUDETTE COLBERT, ANN BLYTH, ROBERT DOUGLAS. 1951. 1 H 24. DIST: ELEPHANT.

6

The Tarnished Angels

DE DOUGLAS SIRK. AVEC ROCK HUDSON, DOROTHY MALONE, ROBERT STACK. 1957. 1 H 31. DIST: ELEPHANT

8

A Time to Love and a Time to die

DE DOUGLAS SIRK. AVEC JOHN GAVIN, LISELOTTE PULVER, KEENAN WYNN. 1958. 2 H 12. DIST: ELEPHANT.

8

On ne présente plus Douglas Sirk, maître incontesté du mélodrame hollywoodien, l’auteur, au fil des années 50, de classiques incandescents comme Magnificent Obsession, All That Heaven Allows, Imitation of Life ou Written on the Wind; un cinéaste majeur dont l’influence imprègne l’oeuvre des Pedro Almodovar, François Ozon ou autre Todd Haynes. Si la plupart de ses films les plus célèbres ont fait l’objet, ces dernières années, d’éditions Blu-ray ou DVD de référence, d’autres restent à découvrir. Ainsi, par exemple, du rarissime Thunder on the Hill (1951), qu’Elephant Films sort aujourd’hui, restauré en haute définition.

Condamnée à mort pour le meurtre de son frère, Valerie Carns (Ann Blyth) est emmenée à Norwich pour y être exécutée, lorsqu’une violente tempête contraint son escorte à faire halte dans un couvent. Tandis que les éléments se déchaînent, prolongeant l’attente, soeur Mary (Claudette Colbert), bientôt convaincue de l’innocence de la jeune femme, entreprend d’essayer de la sauver… Au regard des grands films à venir, Tempête sur la colline est sans doute un Sirk mineur. Le réalisateur lui-même n’en pensait guère de bien, l’estimant trop religieux, Claudette Colbert éclipsant par ailleurs allègrement ses partenaires. Pour autant, ce drame intimiste n’est dénué ni d’intérêt, ni d’un style qui en fait mieux qu’une curiosité.

Sa sortie s’accompagne d’une nouvelle édition de deux oeuvres connues du cinéaste. Réalisé en 1957, The Tarnished Angels (La Ronde de l’aube, en vf) est l’adaptation du roman Pylône de William Faulkner. Sirk y orchestre un chant désespéré, celui, dans l’Amérique des années 30, de pilotes d’avion courant après leur gloire passée, en se produisant dans des concours minables, tournoyant dans des zincs fatigués autour de pylônes, comme l’on ressasse ses rêves. Habitée sinon hantée par Robert Stack, Rock Hudson et Dorothy Malone, cette ronde tragique est aussi d’une déchirante beauté, qualité que l’on peut également prêter à A Time to Live and a Time to Die, adapté ce dernier d’Erich Maria Remarque. Le réalisateur y retrouvait, en 1958, son Allemagne natale, sur les pas d’un jeune soldat (John Gavin) de retour du front russe pour découvrir un champ de ruines. Soit le contexte incertain d’un film d’amour sublimé, portant l’art de Sirk et du mélodrame à sa quintessence; un pur chef-d’oeuvre dont Jean-Luc Godard, dont il n’est point besoin de rappeler le sens de la formule, disait qu’il était « le plus beau film de guerre en temps de paix ». Citation que complète joliment Jean-Pierre Dionnet dans sa présentation: « Ce que fait Sirk, c’est nous apporter un supplément d’âme… »

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content