Danse avec la foudre

Elle est loin l’époque où Figuette attendait le 25 du mois pour être à découvert. La faillite de l’usine ne fait plus aucun doute. Les Allemands vont-ils encore verser les salaires? Jusqu’à la dernière fermeture, les aciéries battaient au coeur de Villerupt, la Petite Italie où  » la terre est rouge de fer, (…) comme l’héritage communiste » . Puis y a pas que l’argent qui manque: la dernière fois que Figuette a vu sa femme Moïra, elle mordait, griffait, faisait voler les cendriers, menaçant de tout casser: « Tu m’aimes plus! C’est foutu, tu m’aimes plus! » Là, Figuette est seul avec Zoé, sa petite à qui il a promis des vacances au camping… Avec son héroïne impulsive, sauvageonne encourageant à tout crin la créativité de son compagnon entre deux scènes de sexe parfois surjouées, ce premier roman nous a semblé lorgner, un peu, les terres de Philippe Djian et ses fameux 37°2, température moyenne des femmes enceintes au réveil. Qu’à cela ne tienne, l’artiste plasticien Jérémy Bracone accouche de quelques beaux moments de camaraderie ouvrière sous horizon plombé et croque avec tendresse les efforts d’un père confiné tel un Robinson dans une crue de lendemains anxiogènes. À la poésie et au merveilleux parfois ostentatoire, on a préféré la pudeur.

De Jérémy Bracone, éditions de l’Iconoclaste, 288 pages.

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