ÉPATANTE DANS FRANCES HA, QU’ELLE A AUSSI CO-SCÉNARISÉ, LA JEUNE ACTRICE AMÉRICAINE GRETA GERWIG S’INSCRIT DANS LES PLUS GRANDES PROMESSES DE SA GÉNÉRATION.

On l’avait découverte en étudiante « babysittant » un quadra en pleine dépression (Ben Stiller) dans Greenberg de Noah Baumbach. Après un petit détour italien devant la caméra de Woody Allen (To Rome With Love), Greta Gerwig retrouve Baumbach pour un Frances Ha superbe, dont elle joue le personnage principal après en avoir coécrit le scénario! A 29 ans, la grande blonde native de Sacramento prend son envol dans un des meilleurs films indépendants venus cette année des Etats-Unis. Une oeuvre vibrante, qu’elle commente pour nous avec autant d’intelligence que de sensibilité.

Comment est née l’idée de Frances Ha?

Noah (Baumbach) savait que j’avais déjà écrit des scénarios et des pièces de théâtre. Après Greenberg, il est venu me voir pour me proposer d’écrire un film ensemble. Nous serions totalement libres, et je pourrais développer l’idée que je voulais. J’en avais justement une, qui tenait à l’époque sur trois pages écrites à la main. De petites observations sur la vie (genre « mais pourquoi doit-on payer une redevance pour retirer notre propre argent d’un distributeur bancaire? ») que pourrait ressentir un personnage. Connaissant pas mal de danseuses à New York, j’ai pensé qu’il serait possible d’imaginer une jeune femme de ce milieu artistique, qui pense à toutes ces choses et arrive au point de sa vie où des choix plus importants doivent se faire. Noah était très excité de partir là-dessus, et nous nous sommes mis à échanger des listes d’idées, en enlevant plein de choses et en en gardant certaines qui elles-mêmes en amenaient d’autres. Un processus organique. Nous étions penchés sur un puits dont nous savions que nous pourrions extraire de quoi faire un film!

A quel moment les choses se sont-elles cristallisées?

Nous avions écrit pas mal de scènes, essayé pas mal de structures. Nous avions déjà en tête d’organiser le film en séquences dont chacune serait reliée à une adresse. Et puis un jour, tout est devenu plus clair quand nous avons réalisé qu’en fait c’était une histoire d’amour entre Frances et Sophie, sa meilleure amie qu’elle perd au début et qu’elle cherche ensuite à retrouver pendant tout le reste du récit. Et ce en parallèle de tout ce qui se passe dans sa vie artistique. Nous avions le film! Les sections sont devenues des chapitres, les articulations semblaient naître d’elles-mêmes. J’ai tellement appris sur la dynamique de l’écriture d’un script en faisant ce travail avec Noah! Y compris sur la nécessité de parfois couper des scènes que vous chérissez, mais qui ne vont pas ou plus dans l’ensemble…

On se demande inévitablement s’il y a une part autobiographique dans le personnage de Frances…

Il y en a une, en effet. Et tellement d’éléments totalement inventés s’y mélangent, faisant comme une sorte d’alchimie intime! Tant de choses interviennent, à l’écriture, au tournage, au montage, qu’à la fin vous ne ressentez plus ce lien avec votre propre histoire, même si vous jouez aussi le personnage, en plus de l’avoir écrit… Quant aux sentiments de Frances, je les ai tous ressentis. Je ne saurais pas écrire à propos de sentiments que je n’ai pas éprouvés moi-même. Ce que vit Frances sur le plan émotionnel, je le ressens très profondément.

Vos parents sont présents dans le film…

Oui, j’y tenais beaucoup. Ils étaient très hésitants, au départ. Ils craignaient que je veuille montrer que je viens d’un endroit pas terrible (rire)… Mais devant le film achevé, ils ont vu avec plaisir qu’il n’en était rien.

Il y a quelque chose de très touchant dans l’optimisme dont fait preuve Frances à travers les aléas de son existence…

Elle a, je crois, une petite touche de folie. Elle est un peu dingue, il faut bien l’avouer. Son côté acharné, je ne l’ai pas moi-même. Mais je suis une optimiste. Je cherche toujours à regarder les situations sous l’angle de l’espoir plutôt que du découragement. Dans la vie, je suis « upbeat », pas « downbeat ». J’aime éprouver la grâce et la joie. Elles sont au moins aussi intéressantes à explorer que la douleur (rire). La douleur, on ne peut l’éviter, mais elle passe. La joie, elle, demeure.

RENCONTRE LOUIS DANVERS

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