THINGS ARE LOOKING UP – WHIT STILLMAN EST DE RETOUR AVEC UNE COMÉDIE UNIVERSITAIRE DÉCALÉE, SUR DES ÉTUDIANTES DÉCIDÉES À ENSOLEILLER LEUR ENVIRONNEMENT. SAVOUREUX ET SPIRITUEL.

DE WHIT STILLMAN. AVEC GRETA GERWIG, ANALEIGH TIPTON, MEGALYN ECHIKUNWOKE. 1 H 35. DIST: SONY.

Aujourd’hui quelque peu oublié, Whit Stillman connut son heure de gloire au cours des années 90, décennie qui devait le conduire de Metropolitan à The Last Days of Disco, film à la réputation culte solidement établie. Inédit en salles en Belgique, Damsels in Distress vient donc mettre un terme à un silence d’une petite quinzaine d’années, envolées au rythme des projets avortés –« une période fort déprimante », nous confiait sobrement le réalisateur new-yorkais lors de la Mostra de Venise 2011, dont il faisait la clôture.Qu’à cela ne tienne: le film, qui emprunte en plus de son titre la chanson Things Are Looking Up à la comédie musicale de George Stevens avec Fred Astaire, vient assurément à son heure, faisant souffler un vent délicieusement rafraîchissant sur la comédie universitaire américaine.

Rushmoreau féminin

De ses Damsels in Distress, Stillman dit volontiers qu’elles pourraient être le pendant féminin du Rushmore de Wes Anderson, et l’on peut, en effet, parler de parenté d’inspiration entre les deux univers. Soit, pour le coup, l’histoire d’un quatuor d’étudiantes sophistiquées emmenées par la pétulante Violet (Greta Gerwig, formidable de naturel), et bien décidées à révolutionner, à leur manière, la vie d’un campus sur lequel les fratries ont jusqu’alors régné sans partage. Les demoiselles ont assurément un sacré tempérament, en effet, assaisonné avec ce qu’il faut d’excentricité. Le genre à pratiquer la prévention du suicide à grand renfort de donuts et de claquettes, ou encore à organiser une distribution de savonnettes dans une des maisons étudiantes pour garçons, histoire de tenter de lutter contre le fléau des odeurs nauséabondes; toutes dispositions qui ne les prémunissent pas pour autant du désarroi sentimental.

Adoptant à leur suite un ton décalé, Stillman jette là les bases d’un film qui, pour être extrêmement bavard, ne s’en avère pas moins savoureux et spirituel, tout en embrassant, l’air de rien, des questions sensibles au rang desquelles la dépression juvénile. Si réserves il y a, elles tiennent à ce qui ressemble à une valse-hésitation entre premier degré et parodie, de même qu’à une certaine évanescence d’ensemble. Le prix d’une légèreté revendiquée, sans doute, qui vaut d’ailleurs à ces Damsels divers coups d’éclat colorés -comme la pétillante chorégraphie finale de Things Are Looking Up. Pris à la lettre, ce précepte chanté donne à espérer que Whit Stillman ne devra pas attendre une éternité pour tourner un nouveau film, lui qui précisait avoir « une manne pleine de scénarios », etdont les compléments (commentaires audio, Q&A en compagnie de ses impeccables acteurs, making of) mettent en lumière la singularité. Une (re)découverte.

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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