D’oncle

Des textes brefs, au sein desquels chaque phrase semble minutieusement pesée, ourlée, rangés sous des titres volontiers intrigants: là réside visiblement le secret des éditions Verdier, que ce premier roman d’une Suissesse de 30 ans illustre de manière magistrale. Sous cette étrange appellation, D’oncle, Rebecca Gisler propose en effet un livre tout entier consacré à la figure bretonne, envahissante autant que mystérieuse, d’un ascendant proche -un oncle, donc- chez lequel deux gamins devenus adultes résident au long cours, sans que l’on sache, initialement, trop pour quelle raison. Lesté d’un  » ventre de compagnie« , ce personnage est ici traité à la manière dont certains parents ou conjoints décrivent « l’enfant » ou « l’amoureux/se » sur les réseaux sociaux, comme pour préserver un illusoire anonymat. À ceci près que les élans laudatifs n’auront ici pas leur place, la narratrice observant, grimée en anthropologue de proximité, les évolutions pataudes et comportements parfois insensés de cette étrange créature, dépressive et cradingue, alcoolique en diable -jusqu’à l’internement- mais finalement touchante. De blocs textuels en litanie parlée, empruntant tantôt à un Petit Nicolas post-moderne tantôt à une forme de Trainspotting en huis clos, le style racé de Gisler s’autorise à peu près tout, sans jamais lasser.

De Rebecca Gisler, éditions Verdier, 128 pages.

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