Contre-plongées

© Ben Thouard

Chaque semaine durant l’été, Focus s’arrête sur le travail d’un photographe fasciné par la culture surf.

Originaire de Toulon, le Français Benjamin Thouard (1986) a quitté son pays à 19 ans pour suivre l’inaccessible vague. Il s’installe alors sur l’île de Maui à Hawaï, véritable Mecque pour photographier surfeurs et windsurfers. En compagnie d’autres professionnels, il y acquiert le lexique de base formel préalable à la constitution d’un style. Aujourd’hui, l’homme vit en Polynésie, autre latitude gagnée par l’océan. C’est évidemment Tahiti qui a ses faveurs, notamment en raison du mythique spot Teahupo’o connu pour ses « gauches », ces vagues déferlant vers la gauche du point de vue du surfeur, c’est-à-dire vers la droite vu de la plage. Le plus? Une lumière incroyable qui se prête à des images inoubliables. La signature Thouard? La prise de vue en contre-plongée, captée depuis l’eau. Le photographe passe des heures au jus à nager muni d’un caisson étanche: il se plaît à  » être dans le tube » avec le surfeur qu’il immortalise. Le surfeur? Si Thouard se dit particulièrement en symbiose avec Michel Bourez, talent polynésien appartenant au club très fermé des surfeurs ayant remporté chacune des étapes de la « Triple Crown of Surfing », il capture ici l’Australien Adrian « Ace » Buchan. Le tout pour des prises de vue chamboulant nos perceptions à la faveur d’angles de vue qui déboussolent. Difficile de dire où se trouve le haut, où se situe le bas, le ciel, la mer. En résultent des clichés où l’eau agit comme le pinceau de Francis Bacon, suggérant à la fois le mouvement, la déformation du corps et le caractère fugace de l’instant. Celui-là même qui ne reviendra plus.

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