Commentaire au Traité de la naissance dans la Terre Pure de Vasubandhu

On ne dira jamais assez de bien du travail des Belles Lettres. Le narcissisme européen a trop longtemps conduit à considérer les grands textes issus d’autres traditions comme réservés aux spécialistes -sanskritistes un peu gris, sinologues déjà happés par un autre monde, antiquaires relevant des départements les moins visités des musées d’art et d’Histoire. Cette tragédie éditoriale, à la source d’innombrables malentendus à propos des civilisations non-européennes, certains éditeurs courageux tentent toutefois de la lever. Avec leur magnifique « Bibliothèque chinoise », présentant en bilingue le texte d’ouvrages capitaux de la pensée et de la littérature issue de la sphère sinophone (accompagnés d’un impressionnant appareil critique), la vénérable maison d’édition à la chouette se trouve aux avant-postes. Le Commentaire au Traité de la naissance dans la Terre Pure de Vasubandhu donné, au Ve siècle de notre ère, par Tanluan constitue une nouvelle pièce-maîtresse de son catalogue, car il rend enfin compréhensible un moment décisif de l’acclimatation, en Chine, du bouddhisme de la Terre Pure -à une époque où celui-ci n’avait pas encore fait l’objet de systématisation. Anticipant jusqu’au développement du Zen, plusieurs siècles plus tard, Tanluan propose une interprétation de la Terre Pure ouvrant à la possibilité de l’illumination subite. Une révolution était en marche.

De Tanluan, éditions Les Belles Lettres, traduit du chinois par Jérôme Ducor, 474 pages.

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