Comme une rivière bleue

de Michèle Audin, Éditions L’arbalète Gallimard, 391 pages.

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Parti pris original: pour raconter la Commune de Paris, Michèle Audin a choisi de s’infiltrer parmi les anonymes qui ont cru, en 1871, que Paris méritait un gouvernement égalitaire. Elle ressuscite ainsi les ouvriers oubliés de l’Histoire pour les mettre en situation et se perdre en conjectures: comment vivent-ils leur quotidien, leurs joies et leurs tourments? Comment côtoient-ils les grands de ce monde? Marx tente de les aider depuis Londres, Hugo leur dédie des poèmes sans se mouiller, Vallès et tant d’autres croient en l’instruction obligatoire et laïque, veulent séparer, enfin, l’Église du pouvoir politique. Mais ils le font dans le désordre, avec une inexpérience tragique, sans réaliser que Thiers s’arme et se prépare à l’assaut final… Les lecteurs peu attirés par l’Histoire se lasseront probablement des longues listes de citoyens du peuple inconnus, et des noms de rues cités dans les interminables déambulations parisiennes du narrateur, soulignant les métamorphoses, pleurant les destructions sauvages. Ils se tourneront alors vers les histoires d’amour qui se font et se défont sur fond de barricades, dans les fêtes organisées malgré les batailles et les rires qui étouffent le bruit des canons. Car ces journées semblent paradoxalement heureuses « dans le murmure de cette révolution qui passe tranquille et belle comme une rivière bleue ».

M-D.R.

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