Clapas

La sensation de piège inextricable est une des clefs de réussite des romans noirs les plus glaçants. Généralement, ils confrontent deux groupes d’individus, l’un dominant l’autre par des règles qui leur sont propres, en marge de la société des hommes. Autre principe: un sentiment de claustrophobie doit se dégager du décor, qu’il soit limité à un lieu clos ou vaste comme la nature. Clapas est de cette veine-là. Un car est bloqué sur une route de montagne quelque part en France. Les voyageurs sont obligés de continuer à pied et sont recueillis quelques heures plus tard par une famille vivant dans une ferme isolée. Un élément perturbateur va révéler la vraie nature des « bons samaritains », déclenchant une gigantesque chasse à l’homme. Le fait que ces marginaux soient tellement barrés éloigne le récit de toute réaction réaliste. Mais à partir du moment où l’on met ce phénomène sur le dos de la sidération face à une situation plus qu’exceptionnelle, on peut profiter pleinement de ce thriller cinématographique somme toute très efficace. L’auteur réussit à nous faire douter jusqu’à la fin du plus ou moins bon dénouement du récit. Le jeu des couleurs, du vert kaki à l’ocre beigeasse, parachève l’ambiance lourde qui se dégage de l’environnement et rend les montagnes menaçantes à leur tour.

D’Isao Moutte, éditions Sarbacane, 160 pages.

7

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content