Cité irréelle

D.J. Bryant n’est pas un auteur prolifique: à 40 ans, il n’a produit « que » pour quelques revues underground américaines comme Mome ou le très explicite Cinema Sewer. Voici que paraît enfin son premier recueil de nouvelles. Celles-ci concentrent les obnubilations d’artistes comme Daniel Clowes ou David Lynch. Du premier, il a la maîtrise du dessin et cette faculté d’adapter son trait à l’histoire, tantôt réaliste, tantôt cartoonesque. Il emprunte au maître cette propension à faire subir des humiliations à ses personnages qu’il pousse à leur paroxysme. À l’image d’Evelyn, personnage de la nouvelle éponyme qui traite son ami comme un chien dans un jeu SM non consenti, auquel le malheureux participe ou non selon le bon vouloir de la dominatrice. D’autres nouvelles s’inspirent des histoires à tiroirs de l’univers lynchien, comme Echoes into eternity qui voit son personnage évoluer dans un vortex spatio-genré (!) ou Objet d’art, dans laquelle le début et la fin se confondent. Parfois absconses, comme Emordana ou L’inflexion du néant sur le cortex visuel où un spectateur d’une étrange pièce de théâtre devient acteur de la dite pièce et inversement, ces histoires n’en ont pas moins l’ambition de proposer une narration expérimentale et exigeante. Le tout parsemé d’une bonne dose d’érotisme cru.

Cité irréelle

De D.J. Bryant, Éditions Tanibis, 104 pages.

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