Circus Parade

L’an dernier, les éditions du Sonneur extirpaient des armoires poussiéreuses de la littérature américaine le premier récit de Jim Tully, Vagabonds de la vie. Un lumineux ouvrage (datant de 1924) consacré au passé de hobo de ce dernier, publié outre-Atlantique tandis qu’à bientôt 40 ans, il conseillait Chaplin sur La Ruée vers l’or. Dans Circus Parade (1927), Tully revient cette fois sur son âpre expérience en tant que « poseur de pieux » pour le minable cirque Cameron. « Fourbu et démoralisé, n’ayant comme bagage (…) que l’insécurité du gitan, j’avais encore en moi le plus formidable héritage des hommes usés à la tâche: le sens du merveilleux », écrit-il dans cette série de chroniques littéraires en diable. Leurs titres successifs (La fille aux cheveux de mousse, Un éléphant règle ses comptes…) promettent très exactement ce que le lecteur y dénichera, honoré d’être ainsi flanqué en compagnie de la Femme Forte, La Massue, Face-de-Craie ou Socrate la Fauche, de ceux qui transforment « le silence en drame », dont on « respecte le mépris » ou qui sont « de véritables héros de l’ennui ». Autant de clowns, dompteurs, attractions de foire ou simples manoeuvres et contremaîtres payés au lance-pierre quand ils ne sont pas simplement poussés hors du wagon à l’occasion d’un virage. « Pillant et volant, trichant et mentant, trimant, luttant et aimant, prenant tout ce que nous pouvions et rendant peu, nous cultivions l’insouciance et l’irresponsabilité », confesse Tully après coup, et chaque ligne illustre sa fierté d’avoir appartenu aux familles les plus dysfonctionnelles, rugueuses et attachantes de l’Amérique itinérante.

de Jim Tully, ÉDITIONS Le Sonneur, traduit de l’anglais (USA) par Thierry Beauchamp, 240 pages.

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