Cimetière d’étoiles

Morgiève l’a sans doute fait exprès: ne vous fiez surtout pas au titre poétique de son dernier roman qui semble promettre du nature writing bien propret et lyrique. Son retour en terres américaines reste aussi sale et frappadingue que le précédent – Le Cherokee, Grand Prix 2019 de littérature policière- puisqu’on y recroise, entre quinze enquêtes qui se vautrent, se chevauchent ou s’effacent, son serial killer baptisé le Dindon, qui n’a cette fois rien à envier en termes de sadisme et de puanteur d’âme aux  » sacs plastiques » que sont les lieutenants Rollie Fletcher et Will Drake. Le surnom donné à ces deux flics des frontières pourris mais tenaces en dit long sur leurs méthodes. Le tout à El Paso en 1963, dans une atmosphère de four à chaleur tournante qui va rendre tout le monde dingo. À commencer par le lecteur -pauvre hère- qui n’avait jamais lu Richard Morgiève, inclassable auteur français qui remet en question toute appartenance identitaire (et qui ne se gêne donc pas pour faire du polar US mieux que les auteurs US) et surtout inventeur d’une véritable écriture, unique en son genre, qui se joue des temps, de la ponctuation ou de toute narration bien rangée.

De Richard Morgiève, éditions Joëlle Losfeld, 480 pages.

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