Chronique d’un naufrage, Lost in La Mancha

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À l’origine, ça devait être un making of. Genre bonus de DVD. Au final, c’est un documentaire complètement dingue sur l’un des tournages les plus foireux de l’Histoire du cinéma. La chronique d’un naufrage. On est en août 2000. Keith Fulton et Louis Pepe suivent Terry Gilliam et son équipe en Espagne où ils doivent donner vie à L’Homme qui tua Don Quichotte… Le personnage créé par Cervantes, ce gentilhomme obsédé par les livres de chevalerie qui prend des moulins à vent pour des géants, avait été l’obsession d’Orson Welles pendant 20 ans (le film étant resté inachevé à sa mort en 1985) et plane sur l’oeuvre de Gilliam depuis longtemps.  » C’est quelqu’un d’exalté qui bataille contre les évidences, la raison, la réalité. Ça ne pouvait que le séduire » , résume l’un de ses proches collaborateurs. Pour le coup, c’est d’ailleurs un peu lui. Un réalisateur qui essaie de tourner un film hollywoodien sans Hollywood.

Un mec qui fantasme un univers trop élaboré pour des petits budgets mais trop excentrique pour l’usine à rêves californienne.  » Si c’est facile, je ne fais pas. Si c’est quasi impossible, je tente. Je tire mon adrénaline de ça. C’est peut-être ce qui stimule ma créativité » , avoue d’ailleurs l’ex-Monty Python face caméra. En attendant, en Espagne, même après les faux départs et les déconvenues financières, les merdes s’accumulent. Le tournage est frappé par une pluie diluvienne qui emporte du matos, fait perdre du temps et transforme le paysage. Jean Rochefort, censé incarner l’anti-héros, souffre de problèmes de santé qui l’empêchent de travailler… Tout ce qui peut foirer foire. Quasi sans exception.

Des réunions d’avant-tournage jusqu’à l’abandon du projet en passant par les interventions de Capitaine Chaos pour que son assistant réalisateur ne se fasse pas virer, Lost in La Mancha dépeint toutes les difficultés de faire un film (il est montré à ce titre dans les écoles) et retrace un véritable cauchemar. Celui qui hante probablement les nuits de tous les cinéastes. Entre les efforts pour mettre la main sur Vanessa Paradis, l’arrivée de Johnny Depp et la visite d’investisseurs, le docu d’une heure et demie montre les doutes, les désillusions et l’énergie qui finit par se faire la malle. De quoi prolonger les yeux écarquillés le film avec Jonathan Pryce et Adam Driver finalement sorti en salles cet été.

Documentaire de Keith Fulton et Louis Pepe.

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