Chien-Loup

À Orcières, la guerre on n’en voulait pas. En 1914, un dompteur allemand se réfugie là-haut, sur la colline, avec une seule urgence: sauver ses fauves. Été 2017, un couple prend possession d’un gîte isolé dans un océan de verdure. Il est réalisateur-producteur, elle a abandonné toute ambition de tourner. Depuis des années, Lise rêve d’une coupure, de se déconnecter d’une façon radicale pour passer trois semaines dans un état de nature. Franck traîne les pieds: l’idée de se perdre au milieu des collines, ça le démoralise. D’autant qu’il n’y pas de réseau là-haut et qu’il est pressé de négocier des contrats avec de jeunes loups de Netflix pour « produire du contenu ».  » C’est joli par ici. »  » Pensez-vous, c’est trop sec. » Attendu avec une faim de loup par ses nombreux lecteurs, le nouveau Joncour ( Repose-toi sur moi, L’amour sans le faire) offre deux récits pour le prix d’un. S’il goûte le dépaysement de la balade, alternance réussie de courts chapitres entre deux époques, le lecteur avisé prendra son mal en patience, au risque de tourner comme un lion en cage. Enraciné dans un décor luxuriant où le suspense se développe tel une plante grimpante, le roman patine dans quelques ornières lorsqu’il s’agit de questionner la part d’animalité en chacun de nous. Gageons que les plus mordus ne le lâcheront plus.

De Serge Joncour, Éditions Flammarion, 480 pages.

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