Chemin faisant

© PAUL COX

Paul Cox (1959, Paris) est l’un de ces hors-venus de l’art dont on affectionne le parcours -il est au départ professeur d’anglais. Parmi ses influences, il cite les cahiers de collages que sa grand-mère réalisait à son attention. On l’aime d’autant plus qu’il revendique un credo artistique modeste: incarner ce  » peintre du dimanche pour qui chaque jour serait un dimanche » dont Jean Dubuffet rêvait les toiles. Il est entendu que c’est libéré de toutes les ambitions que l’on va le plus loin. Chemin faisant en apporte la preuve tangible. Ne serait-ce qu’au sens propre: Cox est un marcheur qui n’envisage pas passer un seul jour sans se promener -il habite le Morvan, région propice aux rêveries pédestres. De ce rituel, il extirpe une matière picturale réjouissante que l’on pourrait qualifier de « déambulation paysagère ». Quand on pousse la porte du Salon d’art, celle-ci se révèle invasive, elle cercle les deux pièces en enfilade qui constituent l’espace d’exposition. À la façon de deux rails, des tableaux assortis par paires -l’un au-dessus, l’autre en dessous- tracent leur route. On pense à ce grand extérieur naturel que les fenêtres des trains coupent en deux parties. Ces peintures sur bois, déclinées selon un invariable format 25 sur 33 centimètres, concilient la tranquillité des décors ruraux et le mouvement de celui qui avance inexorablement. C’est vrai jusque dans les traits horizontaux dont la dynamique évoque l’axe étiré d’un marcheur ayant les pieds sur terre. Dans la foulée, Cox opère des synthèses faisant varier les compositions dans le sens d’une abstraction dont il s’amuse à varier les intensités. On se doit aussi de mentionner la jouissance chromatique que procure l’ensemble: quatre couleurs convoquant les fulgurances des nabis, pas une de plus, par oeuvre. Le tout, très accessible (1 200 euros la pièce unique, c’est trop rare pour ne pas être mentionné), rappelle cette délicieuse évidence: la destination importe moins que les méandres que l’on emprunte pour y parvenir. Sans oublier, un délicieux ouvrage assorti paru aux éditions La Pierre d’Alun.

Paul Cox, Le Salon d’art, 81 rue de l’Hôtel des Monnaies, à 1060 Bruxelles. Jusqu’au 21/12.

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