De Ghostbusters à Zorro, le changement de sexe est en vogue

Dans le Ghostbusters de 2016, ce sont des femmes qui chassent les fantômes.
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Au cinéma comme à la télé, l’industrie n’hésite pas à féminiser ses héros. Mauvais genre?

Douglas Fairbanks, Alain Delon, Antonio Banderas ou encore Anthony Hopkins lui ont prêté leurs traits. En 100 ans, une cinquantaines de films, séries et autres dessins animés, ce n’était jamais arrivé: CBS prépare une version moderne de Zorro avec pour personnage principal… une femme. Si la série tournera autour d’une descendante du célèbre cavalier masqué qui signait son nom à la pointe de l’épée, la féminisation de héros en héroïnes est en vogue. À tous le moins à portée de caméra. Ghostbusters, Ocean’s 8, Ce que veulent les hommes ou encore Overboard, dans lequel Anna Faris reprend un rôle interprété en 1987 par Kurt Russell… Ces dernières années, quelques grosses productions hollywoodiennes ont inversé les genres. Et si on est sans nouvelle du 21 Jump Street 100% féminin, du Magnum centré sur la fille du détective moustachu aux chemises hawaïennes, de How I Met Your Mother raconté d’un point de vue de femme et du nouveau Kung Fu, le simple fait qu’on en parle témoigne d’une tendance. L’an dernier a d’ailleurs été annoncé le changement de sexe de 007. L’actrice britannique (et noire) Lashana Lynch succèdera-t-elle à Daniel Craig dans la peau du redoutable et séducteur agent de sa majesté? Elle en reprend en tout cas le badge dans No Time to Die qui sortira l’an prochain… La productrice Barbara Broccoli s’est exprimée de manière catégorique dans les colonnes de Variety: « James Bond sera de n’importe quelle couleur mais sera un homme. » Dont acte.

Les réinterprétations avec changement de sexe ne datent pas d’hier. En 1940, dans La Dame du vendredi d’Howard Hawks, Rosalind Russell jouait déjà un personnage interprété par un homme dans The Front Page (1931). Mais l’inversion des genres est risquée. Le SOS Fantômes de 2016 avec Melissa McCarthy et Kristen Wiig s’est apparemment soldé par une perte de 55 millions de dollars et a été accompagné par des tonnes de réactions épidermiques et misogynes. Vues de l’autre camp, en ces années #MeToo, ces adaptations constituent de toutes façons un signal pas si positif et progressiste qu’il en a l’air. Mauvais genre… Elles montrent surtout des studios qui tentent tant bien que mal (et si possible à moindre coût) d’améliorer leur image, d’effacer les accusations de sexisme dont ils font l’objet et de se montrer girl friendly malgré leur machisme… La recette permet de capitaliser, rentabiliser voire de sortir les fonds de tiroir. En gros, sans trop se fouler, de se donner bonne conscience malgré un manque flagrant d’audace et d’imagination. Avec, en filigrane, cette idée que les femmes ne méritent pas leur propre histoire et qu’elles doivent s’appuyer sur des sagas masculines qui ont déjà fait leurs preuves. Pour l’un des changements de genre les plus surprenants et réussis, il faut finalement se tourner vers le biopic musical. Todd Haynes ayant embauché Cate Blanchett pour incarner ni plus ni moins que Bod Dylan dans I’m Not There, sorti en 2007. Qui dit mieux?

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