Chambres sensorielles

© GALERIE LA FOREST DIVONNE

Étrange exposition que celle-ci, qui nous a connecté avec un déroutant  » régime instable d’émotion esthétique« . Ce n’est pas tous les jours qu’une proposition souffle ainsi à la fois le chaud et le froid. Pas question de se chercher des excuses et encore moins de blâmer qui que ce soit mais on se sent en devoir de relater un détail: lors de la visite, la galerie procédait à une sorte d’inventaire, encombrant l’espace d’oeuvres tierces exhumées du stock. Ont-elles joué un rôle de  » perturbateurs contemplatifs« , comme on dit  » endocriniens« ? On ne le sait. Pourtant, tout commence le mieux du monde. On ne cache pas son émoi, quasi religieux, devant Chambre sensorielle 6 (2019), faux monolithe de 2,40 mètres faisant émerger une légèreté inattendue au sein de ses formes strictes. Dressée comme un « i » devant le visiteur, l’oeuvre est constituée d’une partie pleine, du métal intact, et d’une partie ajourée, le même métal mais perforé. Le tout est laqué de peinture epoxy noire. Rompant avec le pan parallélépipédique du dessous, le haut de la pièce est compliqué par l’adjonction d’une géométrie circulaire convexo-concave du meilleur effet: l’oeil voyage entre le cinétisme d’un Vasarely, l’architecture islamique et la mystique de la stèle de 2001, l’Odyssée de l’espace. Mieux, le moindre mouvement du regardeur génère une intense vibration qui laisse à penser que la contemplation est inépuisable. Hélas, les 17 pièces rassemblées ne se fixent pas avec le même bonheur. Pour certaines, la magie opère, pour d’autres, pas le moins du monde. On a d’abord pensé que c’était une question de taille et que l’enthousiasme dépendait de proportions faisant embarquer ou non le curieux à son bord. Force a été de constater que nullement: de petites pièces peuvent convaincre -ainsi de Sans titre (2016). Selon nous, pour ne citer que celles-là, Sans titre 5 (2019), aux contours diffus, ou Loir (2019), dont la forme allongée évoque une embarcation fluviale, prétendent moins au statut de stèle qu’à celui d’ornement éculé.

Jean-Bernard Metais, galerie La Forest Divonne, 66 rue de l’Hôtel des Monnaies, à 1060 Bruxelles. Jusqu’au 01/02.

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www.galerielaforestdivonne.com

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