Cécile McLorin Salvant

« Ghost Song »

Née à Miami, mais élevée en français par un père haïtien et une mère française, Cécile McLorin Salvant s’est imaginée chanteuse d’opéra, avant de bifurquer vers le blues et le jazz. Bien lui en a pris. Ses trois derniers albums ont tous été récompensés par un Grammy (celui du meilleur album de jazz vocal). Avec, à chaque fois, cette façon singulière de manier l’art de la reprise pour raconter ses propres obsessions, amoureuses pour la plupart. C’est toujours le cas de Ghost Song (dont le morceau-titre a été notamment impacté par la mort de son batteur Lawrence Leathers, tué chez lui lors d’une dispute conjugale). Les fantômes dont il est ici question sont donc autant ceux d’êtres chers que de relations fanées. Surtout, ils sont moins effrayants qu’accueillants, servant d’intermédiaires entre le passé et le présent, les reprises et les chansons originales (pour la première fois, plus nombreuses). En ouverture, Cécile McLorin Salvant s’attaque ainsi à l’interprétation tubesque qu’a faite Kate Bush des Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë, livre hanté s’il en est ( Wuthering Heights). Chanté quasi a cappella -il faut attendre le dernier tiers pour qu’une basse et des nappes synthétiques apparaissent-, le morceau sonne presque comme une prière. Plus loin, Obligation est faussement primesautier tandis que I Lost My Mind est supporté par une ligne d’orgue d’église dramatique et que le The World Is Mean, emprunté à Kurt Weill, prend des airs de son cubain. Plus que jamais, McLorin Salvant réussit à raconter une histoire à la fois intelligente et sensible, audacieuse et populaire.

Cécile McLorin Salvant

Distribué par Nonesuch.

8

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content