Ce lien entre nous

Rien ne ressemble plus -et tant mieux!- à un roman de David Joy qu’un autre roman de David Joy. Nous revoilà donc, après Là où les lumières se perdent et Le Poids du monde, en Caroline du Nord, au pied des Appalaches, et de nouveau dans ce sous-monde de mobil-homes et de rednecks qui n’ont que la consommation ou la vente d’opioïdes pour horizon. Ainsi Darl Moody, qui, un soir de braconnage, tue accidentellement un homme, mais pas n’importe lequel, le frère de Dwayne Brewer, brute cruelle et violente qui n’avait qu’une raison de vivre: son frère. Dans la chasse qui va suivre, il sera pourtant autant question de vengeance que de rédemption, le personnage de Dwayne, incarnation du Mal absolu et pourtant seul porteur de la vérité, prenant peu à peu toute la place de ce roman encore plus neurasthénique que noir. David Joy, plus  » naturalist writer » que jamais, y déploie une prose de plus en plus poétique, lyrique et un brin dépressive, au service d’un infra-monde déjà maintes fois décortiqué par la littérature américaine, de Faulkner à Ron Rash en passant par toute cette nouvelle génération de jeunes auteurs US férus de néo-polar rural, tels Alex Taylor ou Tom Drury. David Joy n’est pas le plus joyeux de la bande, mais sans doute l’un des plus talentueux.

De David Joy, éditions Sonatine, traduit de l’anglais (États-Unis) par Fabrice Pointeau, 304 pages.

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