Critique | Cinéma

[Critique ciné] Le Brio, un film à message juste et pertinent

Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

COMÉDIE DRAMATIQUE | Un prof réac et une étudiante venue des cités forment un duo à surprises dans un film défiant les préjugés.

La meilleure manière de défier les préjugés n’est pas forcément de les nier, mais plutôt de les regarder en face pour ne pas s’y arrêter. Yvan Attal a eu cette lucidité au moment d’entreprendre Le Brio, chronique engagée des rapports improbables et d’autant plus fascinants qui se nouent entre un professeur d’université réactionnaire, voire raciste, et une étudiante d’origine arabe venue d’une banlieue dite difficile. Pierre Mazard (Daniel Auteuil) enseigne le droit à la faculté parisienne d’Assas. Peu enclin au politiquement correct, cet homme aigri par l’évolution d’une société de moins en moins homogène multiplie les provocations. Dès la reprise des cours, il s’en prend publiquement à une étudiante de première année qui arrive en retard, n’hésitant pas à manier le sous-entendu culturel et même ethnique devant un auditoire médusé. Humiliée, Neïla Salah (Camélia Jordana) fait face et sent venir la rage. Elle n’a pas fait le chemin depuis sa banlieue de Créteil pour servir de cible au mépris d’un vieux con. Mais la diffusion de l’incident sur les réseaux sociaux va conduire la direction de la faculté à prendre une mesure inédite. Pour sauver son poste, directement menacé par son nouveau débordement, Mazard se voit imposer une épreuve de rachat: faire participer Neïla au plus prestigieux des concours d’éloquence et réussir à l’y faire briller, en tant que représentante d’une université qui en tirera une image positive et une bonne conscience…

[Critique ciné] Le Brio, un film à message juste et pertinent

Coeur de cible

Le Brio conjugue trois éléments moteurs sans originalité profonde: l’histoire d’un pygmalion et de sa protégée (façon Educating Rita), celle d’un succès venant démentir le déterminisme social (façon Billy Elliot), et la mise à l’épreuve des préjugés par une rencontre éclairante (façon Le Vieil Homme et l’Enfant). Du déjà vu, et même beaucoup vu. Si le film fonctionne, et bien, c’est d’abord à l’énergie sincère qu’y met son réalisateur et co-scénariste. Yvan Attal veut pourfendre le déclinisme ambiant dans certains cercles philosophico-médiatiques, et il y met la vigueur nécessaire tout en restant intelligent (l’importance dévolue au langage) et -chose pas évidente- intelligible. Il lui fallait des interprètes crédibles, il les a trouvés en Daniel Auteuil et Camélia Jordana. L’aîné avec son expérience et sa riche palette de nuances, la cadette et presque néophyte (à l’écran) avec son engagement et son caractère entier. Les deux jouant sans prendre de distance visible avec leur personnage, un premier degré voulu par Attal et qui aide à chasser toute roublardise d’un spectacle qui s’y exposait pourtant. Au film à message (généreux) et à ses inévitables limites, le réalisateur réussit à conférer un supplément de justesse et de pertinence qui fait la différence. Comme le font aussi et surtout ses deux héros dissemblables, dont le petit bout de chemin parcouru ensemble touche au coeur de la cible.

De Yvan Attal. Avec Daniel Auteuil, Camélia Jordana, Yasin Houicha. 1h35. Sortie: 22/11. ***(*)

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