Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

22.40 ARTE

D’ ANNE ANDREU.

Ca commence par un paradoxe. Deneuve en voiture, âge mûr, avec les inquiétants violons de Basic Instinct pour fendre la route. Bizarre, dans un documentaire censé dépasser les clichés relatifs à la « froide » Catherine, de démarrer avec un air rappelant le pic à glace de Catherine Tramell… Critique cinéma et auteure de télévision, Anne Andreu est néanmoins parvenue à recueillir les confidences de LA Staaaar féminine du 7e art français, sorte de figure hiératique à l’ancienne, de la trempe des grandes Garbo, Bacall, Hepburn ou Morgan. Une icône qu’on imagine à 1000 lieues du peuple, de l’éponge à vaisselle et des préoccupations quotidiennes de son public. Et la voir vouvoyer et être vouvoyée à tout-va, même par les réalisateurs avec qui elle a connu de grands moments de tournage, la voir porter haut cette chevelure flamboyante et unique (le marché mondial de la laque lui est probablement redevable d’une bonne partie de son chiffre d’affaire), ne dissipe pas ce sentiment. Elie Semoun racontait d’ailleurs que tout le monde retenait son souffle quand elle arrivait sur le tournage de l’inégal mais souvent hilarant Cyprien: qui oserait, en effet, jouer les potaches en présence d’une légende vivante? Au final, on ressort de ce portrait avec l’impression diffuse que Deneuve répond bien, peut-être malgré elle, à cette image de beauté intouchable qu’elle se plaît à vouloir atténuer. Peut-être aussi parce qu’elle déborde d’intelligence, de réflexion, de réserve voire, curieusement, de mésestime d’elle-même. Ou en tout cas de modestie -feinte ou non: elle est excellente actrice…

CV EN OR MASSIF

Reste, dans ce gros plan par instants passionnant pour le féru de cinéma, une revue commentée des films qui ont bâti le mythe Deneuve. Les Parapluies de Cherbourg et Les Demoiselles de Rochefort, pour commencer, avec le souvenir de Jacques Demy et surtout de sa regrettée s£ur Françoise Dorleac. Puis il y a Peau d’âne, Belle de Jour, Le Dernier Métro, Indochine, Ma saison préférée, et tant d’autres. Elle évoque les metteurs en scène (Polanski, Buñuel, Truffaut, Von Trier, etc.) qui l’ont façonnée ou qui ont pu profiter de son inimitable aisance naturelle, acquise bien loin du Conservatoire et des écoles de théâtre. A leur tour, les Wargnier, Téchiné, Jacquot ou Desplechin dépeignent, toujours avec la plus grande des considérations, leur association avec celle qui, chaque année, ajoute 2 lignes de films sur son impressionnant CV. Parfois des chefs-d’£uvre, souvent des bons choix, de temps à autre une « Robert-De-Niroterie » (ou l’art de fourvoyer son talent en entachant une filmographie exceptionnelle). Mais dans l’ensemble, Catherine, si vous nous lisez: respect et robustesse.

DOCUMENTAIRE DIFFUSé DANS LE CADRE D’UN THEMA CATHERINE DENEUVE. AVEC à 20.40, LA DIFFUSION DE LA SIRèNE DU MISSISSIPI.

Guy Verstraeten

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