Catharsis

© PHOEBE VELDHUIZEN

Emmené par une époustouflante chanteuse transgenre, RVG plaide la cause des minorités. Ou quand Patti Smith rencontre Echo and The Bunnymen.

« Chanteuse à la voix très très masculine. » Homme? Femme? Pour le coup, il n’y avait pas eu de mode d’emploi. En relisant les critiques qui ont accompagné la sortie d’ A Quality of Mercy, le premier album du Romy Vager Group, on se souvient du trouble qu’avait suscité sa découverte. C’était en ouverture de Shame à l’Aéronef de Lille. Mai 2018. L’impression en quittant la salle d’avoir fait connaissance avec une héritière de Patti Smith, Siouxsie Sioux, Chrissie Hynde et Beth Ditto. Puis se rendre compte le lendemain que Romy Vager est une artiste transgenre. Timbre puissant et androgyne.

« Come Monday morning. You may find me dead. You may not find my body. But you may find my head. In a motel closet. Or under a motel bed. Oh, this is the life that I lead. And you will say « I saw it coming. It was only a matter of time. The way you dressed. You must have really wanted to die. They set fire to people like you. Just for looking them in the eye. Oh, this is the life they chose to lead. «  Pardonnez cette longue tirade. Les paroles déchirantes, directes et brutales d’ Alexandra, titre d’ouverture de Feral, laissent deviner leur dimension autobiographique. La solitude. La violence et la haine envers la communauté LGBT. Celle des inconnus. Celle de la famille. « My father’s got his bayonet. He’s calling up his friends. He says Once you dishonor us. That’s where my patience ends. « 

Catharsis

Appel aux armes

Pour Vager, « to feel feral  » (sauvage en français), ça signifie « se sentir en dehors de tout ». Son disque se présente comme une catharsis, un appel aux armes. Parce que si la douleur, l’isolement et la frustration se sont plus qu’infiltrés dans les chansons, il s’en dégage aussi de l’espoir et des airs de victoire. Habité par un réel talent d’écriture et cette voix qui prend aux tripes, Feral tient aussi solidement sur ses jambes musicalement parlant.

Enregistré à Melbourne au studio Head Gap (Dirty Three, Courtney Barnett…) et produit par Victor Van Vugt (PJ Harvey, Nick Cave and the Bad Seeds, Beth Orton…), l’album mélange dans un shaker le rock des années 80 et le féminisme punk, l’Australie et l’Angleterre. Il y a ici du Go-Betweens et du Only Ones, du Echo and The Bunnymen et du Smiths. Feral a beau sembler d’un autre temps, d’une autre époque, d’années où on écoutait encore de la musique sur MTV, la manière de le délivrer et la sincérité qui imprègnent ces morceaux les conjuguent au présent.. Dans les paroles d’ Asteroid, le philosophe Ludwig Wittgenstein est obligé de réexaminer le travail d’une vie à cause du geste décontracté d’un ami. Vager racontant comment une influence extérieure peut tout interrompre. People have the power…

RVG

« Feral »

Distribué par Fire Records/Konkurrent.

8

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