Après les tentes plantées par les fans de Tokio Hotel devant Forest National, on peut légitimement se demander où s’arrête l’idiotie des tokioïtes. Et de leurs parents.

Jeudi 25 février, JT RTBF. Pour une fois, un reportage essentiel. Une minute et des poussières vidéo sur l’implantation de tentes autour de l’entrée de Forest National par les fans enamourés du groupe allemand au maquillage et chansons truelles. Plusieurs dizaines de toiles tendues par des adolescent(e)s et quelques adultes, certains présents depuis une semaine. Le concert – qui a lieu le soir-même – n’est pas complet mais les tokioïtes hardcore veulent être au premier rang pour assister à la représentation bruxelloise du Welcome To Humanoid City Tour (sic) . Parmi les explications recueillies, 2 retiennent l’attention. La première, donnée par une blonde de 14 ans qui a manqué plusieurs jours d’école, fait mouche:  » L’école? Pas grave, je rendrai un certificat médical. » On peut présumer qu’elle va au lycée à Tombouctou ou Babylone, mais pas en Belgique où les profs téléspectateurs, échaudés par la farce, ne manqueraient pas de lui redresser ses gothiques bretelles. L’autre réflexion intéressante vient d’une brune qui, depuis l’intérieur de sa tente trempée, nous dit:  » Ben, les parents, ils comprennent hein, ils ont été jeunes aussi! » On imagine aussitôt les parents argumentant sérieux avec leur progéniture:  » D’accord mais tu prends ton duvet et pas plus d’une semaine d’absence hein! » Même en ne doutant pas des vertus éducatives de Tokio Hotel – comment gagner beaucoup d’argent avec très peu d’idées -, le coup du camping prolongé paraît audacieux. Ce que ne pense visiblement pas la bourgmestre de Forest, Magda de Galan, irritée par la situation de fait qui l’a obligée à installer des toilettes et à instaurer des patrouilles supplémentaires afin de ne pas troubler davantage l’ordre public… Là, en typique briseuse de rêves, elle a décidé que dorénavant, le camping sera interdit devant FN! On imagine aussi la mine réjouie des voisins: déjà éreintés par les nuisances sonores et le trafic infernal les jours de représentation (en moyenne, deux-trois fois par semaine), les voilà maintenant obligés de se taper les campeurs chantant en ch£ur, le soir venu, Übers Ende der Welt.

Waitin’ in the rain

Bon, et la morale dans tout cela? Ce n’est pas tant le fait de rater l’école ou le bureau ou le chômage que de tenter de reconstituer un mini mythe en état de dégradation annoncée. Encore populaire, Tokio Hotel n’en est pas moins sur l’inexorable toboggan qui finit toujours par faire glisser les icônes (quasi) adolescentes: simplement, parce que les valeurs et le look prônés à 20 ans paraissent le plus souvent ridicules à trente. Fondé en 2001 à Magdebourg, ex-Allemagne de l’Est, le quatuor des frères Kaulitz a connu un extraordinaire succès en jouant une sorte d’Indochine teuton, surfant sur des thèmes rebelles 100 fois rabattus en territoire djeunes. Le fait que des fans campent devant une salle de concert sous le prétexte d’être les premiers ne pose pas seulement des questions pratiques – les laisser rentrer à l’intérieur avec leur bazar de camping alors qu’une simple canette y est interdite? -, mais donne l’impression d’un geste tribal désespéré. Celui d’un clan qui ne voudrait pas quitter les illusions forgées par des idoles qui ne font même plus sold out. Poireauter une semaine sous la pluie? On peut parier que les fans s’en lasseront avant d’avoir des rhumatismes.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content