Critique

[Critique ciné] Mon ket, follement drôle

© DR
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

COMEDIE | François Damiens joue les papas malfrats dans un film réjouissant. Il cache sa caméra, mais pas son humour provoquant.

Revenir aux sources, pour François Damiens, c’est nous refaire le coup de la caméra cachée, comme au bon vieux temps de François l’embrouille, dans les années 2000. Bien sûr, il n’est plus question d’afficher un visage que l’envol de sa carrière cinématographique a définitivement popularisé! Perruque et maquillage travaillé, donc, pour incarner Daniel Versavel, alias Dani, alias le Dan, criminel endurci et papa qui s’évade de la prison de Lantin pour retrouver son fiston d’une douzaine d’années. Un gamin qu’il va s’empresser de retirer de l’école pour lui apprendre les bases, les vraies, à commencer par boire et fumer!

C’est dire si les témoins des aventures du fugitif et de sa progéniture vont être mis à rude épreuve au fil des épisodes de Mon ket, film à sketches plus que récit continu. Tous ont évidemment donné leur accord à l’utilisation de leur image et tous figurent en bonne place au générique, sous la rubrique « les vraies stars du film« . Et presque tous se révèlent de formidables partenaires pour un Damiens n’hésitant pas à dynamiter le politiquement et le moralement correct, avec un sens de la provocation resté intact depuis les « coups » du père François.

[Critique ciné] Mon ket, follement drôle

En rire ou pas

Matteo Salamone joue Sullivan, le « ket ». Avec une crédibilité qui achève de rendre imparable celle des manoeuvres de son papa de fiction. Un « baraki » définitivement rebelle et totalement affranchi des règles de la société. Un homme sans complexe, un « cow-boy » qui fait ce qu’il veut, et auquel François Damiens pensait depuis longtemps déjà. Les thèmes de la paternité, de la filiation, hantaient aussi l’acteur-réalisateur-coscénariste (en collaboration avec Benoît Mariage), lui-même père de famille et que touche la volonté de bien faire de papas cherchant -souvent en vain- la meilleure manière de s’y prendre avec leurs rejetons.

Damiens a ce sens aigu de toujours savoir, dans l’improvisation, jusqu’où aller trop loin. Et sous le trait grossi de la farce menée jusqu’à la limite, en funambule de la provoc’, perce parfois une émotion d’autant plus touchante qu’elle résulte de ce qui peut s’assimiler à de la maltraitance parentale. Mon ket n’en devient pas pour autant film à message social, et le sérieux n’envahit ni ne fige jamais l’écran. Juste certaines scènes, comme dans le mythique C’est arrivé près de chez vous de Poelvoorde et consorts, figent le rire et questionnent notre rapport de spectateur-voyeur complice du spectacle et de ses outrances. François Damiens s’éclate et donne du plaisir. Beaucoup de plaisir. Mais il n’est pas dupe de ses propres mises en scène. Et s’il garde vaillamment le cap de l’humour ravageur, avec une indéniable radicalité, il n’en reste pas moins sensible à l’humanité de celles et ceux que cadre sa caméra. Dans le spectacle un peu décousu mais follement drôle qu’est Mon ket, il est permis de voir un éloge de l’humain dans sa salutaire imperfection.

De François Damiens. Avec François Damiens, Matteo Salamone, Tatiana Rojot. 1h29. Sortie: 30/05. ***(*)

>> Lire aussi notre interview de François Damiens: « Personne ne sait jouer aussi bien que quand il ignore qu’il joue »

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content