Bruce Springsteen

« Letter to You »

Quand le single -du même intitulé- annonçant le vingtième album de Springsteen est paru en septembre, on a un peu bâillé: impression d’avoir déjà entendu mille fois ce son aux stéroïdes dépourvu de vrai charisme. Malgré tout, le springsteenophile qui habite en nous depuis la parution en 1975 du miraculeux Born to Run, repère ces phrases dans ladite chanson:  » I took all the sunshine and rain/All my happiness and all my pain/The dark evening stars/And the morning sky of blue/And I sent it in my letter to you » . Bruce s’envoie une lettre en disséquant un mental pas au top, ayant déjà abordé ses problèmes de dépression et de doute dans sa biographie Born to Run parue en 2016. Prolongeant l’autothérapie par une très longue série, triomphale, de shows solos à Broadway. Une large introspection du septuagénaire se retrouve dans cet album plié live en quatre jours avec le E Street Band à domicile fin 2019. On y comprend mieux le sens de Letter to You, et ses tensions musculaires, comme sur une bonne partie des douze morceaux, dont trois repêchés dans des inédits de début seventies. Cette vibe de l’orgue grasseyant, de la mélancolie amoureuse suspendue, du mid-tempo gluant qu’on a tant aimés se retrouvent dans Janey Needs a Shooter –écrit en 1972- mais aussi dans le  » j’ai des doute mais Jésus est quand même dans les parages » , d’ If I Was the Priest de la même période. Et puis, le son rock’n’roll comme la très belle photo de pochette -prise quand Bruce faisait sa série new-yorkaise- font qu’on s’attache à la chose, davantage qu’aux parutions du boss de ces 20 dernières années. Et puis, Max Weinberg est quand même un putain de batteur dans un groupe de la même trempe.

Distribué par Sony Music.

8

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