MEMOIRES DE REPLIQUANT – Voici 25 ans sortait Blade Runner, le film-culte de Ridley Scott. Objet d’un nouveau – ultime? – lifting, l’ouvre n’a pas pris une ride. Rutger Hauer apprécie.

De Ridley Scott. Avec Harrison Ford, Rutger Hauer, Sean Young, 1 h 53.

Au même titre qu’un Star Wars, par exemple, et quoique de manière sensiblement différente, Blade Runner compte parmi les oeuvres qui ont bouleversé le cinéma de science-fiction. Réalisé en 1982, mais situé en 2019, dans un Los Angeles en pleine décrépitude, le film de Ridley Scott suit un agent chargé d’éliminer des androïdes rebelles, les « répliquants ». Au-delà de sa trame de film noir futuriste, il imposait, à l’époque, un visuel époustouflant, non sans brasser des thématiques dont l’acuité s’est vérifiée depuis, du clonage à la globalisation. Vingt-cinq ans et cinq versions plus tard, Blade Runner demeure un objet en tous points fascinant:  » C’est vrai, approuve Rutger Hauer, c’est un film tellement riche. Et puis on change, et on le regarde toujours différemment, pour y découvrir de nouvelles choses. » Dans le rôle de Roy Batty, le leader des répliquants, Hauer ajoutait à la menace incarnée par son personnage, un charme subtil. Un charme qui opère encore aujourd’hui, alors qu’il évoque, dans un palace tranquille en bord d’Amstel, cette énième version du film.  » Il s’agit, enfin, de la version correspondant à celle que Ridley espérait présenter au public, il y a 25 ans. Même si Blade Runner fonctionne dans chacune de ses versions… »

« QUELS FILMS DURENT AUTANT? »

Au moment d’embarquer dans ce projet, Rutger Hauer a déjà un riche passé d’acteur, aux côtés de Paul Verhoeven, notamment.  » Ridley m’a appelé après avoir vu Soldier of Orange« , se rappelle-t-il. Après les discussions d’usage, la collaboration prend forme.  » Ridley voulait plus travailler sur les personnages qu’il n’avait pu le faire dans Alien ou The Duellists. Il voulait que ce soient eux qui guident le film, plutôt que son design ou les idées abordées. Quant à moi, je souhaitais rendre ce robot doté d’une autorité naturelle de leader aussi crédible que possible. Je lui ai donc donné une âme… » Une composition mémorable, à la mesure du film. Encore que sur le moment, Hauer, tout à l’excitation du tournage, n’ait nullement imaginé prendre part à une £uvre-culte.  » Quels sont les films qui durent autant?, interroge-t-il aujourd’hui. N’oubliez pas qu’à sa sortie, Blade Runner fut loin d’être un succès. » Même si, le temps aidant, le grand public adoptera la vision ultra-noire de Ridley Scott.

Quant à Rutger Hauer, il s’est ensuite multiplié, sur et en dehors des plateaux.  » Je veille, dans la mesure de mes moyens, à m’investir pour changer le monde, observe-t-il. Notamment v ia ma fondation de lutte contre le sida, Starfish. C’est modeste, peut-être, mais cela restera à jamais. De même que lorsque des gens voient des films comme Ladyhawke ou Blade Runner, ils ne les oublient pas… »

www.rutgerhauer.org www.warnerbros.be

JEAN-FRANçOIS PLUIJGERS

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