Black Mirror et l’aurore numérique

C’est l’une des formules virales qui ont le plus circulé au début de la pandémie de Covid-19:  » Je n’aime pas cet épisode de Black Mirror . » Signe indéniable que la série imaginée par Charlie Brooker a réussi à capturer, en version parfois à peine exacerbée, l’un des marqueurs-phares du monde contemporain: la dystopie au coeur du quotidien. Sous-titré Nos vies après l’humanisme, l’ouvrage de Claudia Attimonelli et Vincenzo Susca, théoriciens dont le champ de pensée se situe au confluent de la sociologie et de la sémiologie, envisage le présent, où l’humain évolue entouré d’écrans médiateurs, comme le théâtre tragique d’un spectacle où organique et inorganique, sujet et objet, réel et imaginaire tendent à se confondre. Ainsi Black Mirror, mieux qu’aucun autre récit de son temps, donnerait à voir aujourd’hui les premières lueurs de ce que les auteurs se proposent d’appeler  » l’aurore numérique« , où il s’agirait moins désormais, comme l’Alice de Lewis Carroll, de traverser le miroir-écran que d’être traversé par lui. Porté par des intuitions parfois fulgurantes et une écriture génératrice d’images fortes, l’ouvrage s’inscrit dans une perspective historique mais surtout conceptuelle qui reste toujours relativement accessible. « Black Mirror est le rideau de ténèbres qui congédie l’humanisme« , nous dit-il. Glaçant.

De Claudia Attimonelli et Vincenzo Susca, éditions Liber, 184 pages.

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