Big little lies

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SÉRIE DE DAVID E. KELLEY AVEC REESE WITHERSPOON, NICOLE KIDMAN ET LAURA DERN.

Monterrey, face aux embruns pacifiques, est le refuge des happy few de la haute société californienne. Les hommes travaillent, soignent leurs corps et leurs comptes en banque, les femmes font l’hélicoptère entre les enfants, quelques restes d’ambition professionnelle et le maintien des apparences qu’exige leur rang de beautiful people grands bourgeois. La vie pourrait être d’un ennui sans nom dans Big Little Lies s’il n’y avait, justement, ces mensonges pour pimenter une existence trop parfaite, baignée de vin trop blanc et de soleil trompeur. Rien de tel qu’un petit meurtre entre amis pour jeter sur les faux-semblants la lumière de Californie, qui révélera l’envers pas joli-joli de ce décor de rêve. La nouvelle série HBO met les petits plats dans les grands et aligne un casting quatre étoiles, sous la plume retorse de David E. Kelley (Ally Mc Beal, Boston Public) : Reese Witherspoon, Nicole Kidman, Laura Dern, Shailene Woodley, Zoé Kravitz, Alexander Skarsgård et Adam Scott, beaux et bons, sont mis en chair par le réalisateur Jean-Marc Lavallée (C.R.A.Z.Y., Dallas Buyers Club, Wild), qui donne corps à cette dramatique histoire de meurtre dont on ne nous montre ni l’auteur, ni la victime. Potentiellement, l’un et l’autre peuvent être tout le monde, ce qui, bouleversant la structure traditionnelle du polar et son fameux « whodunit? » (qui l’a fait ?), prolonge un mystère qui n’est pas qu’en chambre close : les femmes vivent dans un monde panoptique où leurs immenses baies vitrées comme les écrans de smartphones ou de tablettes sont autant d’accès à leur intimité… mais aussi de miroirs réfléchissant leurs blessures narcissiques. Dans Big Little Lies, les gens se mirent beaucoup. Voudraient s’admirer, mais ne s’aiment sans doute pas assez. La réalisation toute en filtres, codes de couleurs et grain diaphane, appuie notre désir de voir ces images Instagram voler en éclats. Les premiers instants font craindre une vision des femmes en harpies hystériques, vénales, traîtresses, dépressives, la suite offre un démenti aussi cinglant qu’audacieux.

N.B.

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