Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

FILS SPIRITUEL DES BOARDS OF CANADA, STEPHEN JAMES WILKINSON, ALIAS BIBIO, DESSINERA SES CARTES POSTALES SONORES SUR LA PLAINE DE LA MACHINE À FEU.

« Quand j’ai des idées de chansons, c’est souvent au départ de couleurs, de textures, d’atmosphères… Des choses qu’on ne relie pas nécessairement à la musique mais avec lesquelles je peux construire des mélodies.  » Ancien étudiant de la Middlesex University à Londres, section Sonic Arts, Bibio jette toujours un regard passionnant sur la musique. Bibio, bientôt à Dour, est à la fois un philosophe de l’électronique et un paysagiste du son. Ça va en étonner plus d’un. Amoureux de la nature (son nom de scène est aussi celui de la mouche qu’utilisait son père quand il l’emmenait pêcher au Pays de Galles), Stephen James Wilkinson s’initie à la musique avec le heavy metal, Iron Maiden, Slayer, Megadeth et Sepultura… Le skate lui ouvre les portes du jazz.  » Je n’ai jamais été punk. Le punk est de l’ordre du politique. Là où le heavy metal joue davantage sur le fantasme. Le jazz, lui, représente la pureté, les fondamentaux. Quand j’ai découvert le hip hop instrumental du milieu des années 90, j’étais attiré par son grain, sa texture. Puis est venue la musique de Portishead, qui a sorti avec Dummy mon disque préféré de 1995. Et enfin l’électronique, essentiellement anglaise. Celle d’Orbital, d’Aphex Twin et plus généralement du label Warp.  » Ça s’entend et il le revendique: les Ecossais de Boards of Canada constituent l’une des grandes influences de Bibio. Que ce soit dans la musique ou dans la vie. Sa manière d’envisager son art, sa philosophie.  » J’ai découvert les Boards of Canada en 1999 et j’y ai réagi de manière viscérale. Leur musique faisait naître en moi un profond sentiment de nostalgie. Réveillait des souvenirs d’enfance. Et j’ai réalisé que tout était prémédité. Qu’on pouvait glisser énormément de subtilités, d’émotions, d’intentions dans la musique sans la moindre parole. Et même en restant très minimaliste.  » S’il n’aime pas l’étiquette IDM, Intelligent Dance Music, – » Je déteste le snobisme, la fierté qui te fait penser que ce que tu écoutes a plus de valeur que ce que les autres se mettent dans les oreilles« – il tombe d’accord avec ses aînés sur le fait qu’il faut toujours envisager ses auditeurs comme les gens les plus intelligents de la planète. Présumer qu’ils vont entendre le moindre détail de ses morceaux. Ou du moins qu’ils en sont capables. Inventif, méticuleux, perfectionniste, certains diront cinglé, Bibio, adepte du field recording, peut passer des heures dans les bois, grimper aux arbres comme un singe ou pénétrer des zones interdites juste pour enregistrer le vent.  » Parfois, une petite voix me demande ce que je suis en train de faire. Dans certaines occasions, je m’intéresse autant au son qu’à l’expérience qui me permet de le capturer. C’est comme la pêche ou la photo. Une excuse pour s’asseoir, s’arrêter et regarder les choses autrement.  » Son dernier album en date, plus électronique, plus pop, plus dansant, il l’a d’ailleurs intitulé Mind Bokeh. Adaptant à l’esprit (mind) le terme (bokeh) utilisé pour évoquer le flou d’arrière-plan qui, en photographie, permet de détacher le sujet de son environnement. Le flou artistique. l

« ELECTRONIC SET », VENDREDI, DE 16 H 45 À 17 H 45, DE BALZAAL (DOUR FESTIVAL).

JULIEN BROQUET

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