Better call Saul

Saul Adamczewski a survécu au crack, à l’héro et à la Fat White Family. Il renaît plus pop que jamais sous l’étiquette Insecure Men.

« Insecure Men »

Le 13 novembre 2015, à Paris, alors que divers attentats terroristes frappent la capitale et le Bataclan tout proche, Saul Adamczewski se fait virer de la Fat White Family à La Cigale, où le décadent fleuron du rock britannique est à l’affiche du festival des Inrockuptibles.  » Je suis tombé dans une spirale infernale. Passant ma vie sur le sol d’un pote à fumer du crack et de l’héroïne sans rien faire d’autre de mon temps, explique-t-il dans la bio qui accompagne le premier album d’Insecure Men. Après quatre mois, j’ai rompu avec tout ça et j’ai réalisé que je devais devenir clean. Quand je suis sorti de rehab, il ne me restait rien d’autre que ces chansons. J’étais comme un bateau sans voile. » Le guitariste édenté décide dès lors de foncer pour la transat en solitaire. Le projet avait déjà barboté dans les cuvettes du Queens Head, le QG de la Fat White à Londres. Adamczewski avait ensuite mis tout ça sur bandes dans l’État de New York et un corridor du studio de Sean Lennon pendant qu’il lui rendait visite avec les Moonlandingz…

Si Insecure Men tourne autour de Saul (voix/guitare) et de son vieux pote d’école aux allures de catalyseur Ben Romans-Hopcraft (basse/guitare), Cole, Zumi et Oakley des Black Lips ont fait partie des premiers moussaillons. Lennon a coproduit l’album. Et l’on peut croiser à bord le fils de Steve Mackey (Pulp), des membres de Claw Marks, de We Smoke Fags et de la Fat White. Son frontman Lias Saoudi aurait même écrit la moitié des chansons. Consanguins? On s’en doutait un peu. Insecure Men ne baigne pas pour autant dans les eaux crados de la Famille… Il se fracasse en douceur sur les falaises les plus imbibées et droguées de la pop.

Insecure Men est présenté comme le projet de la sobriété pour cet accro patenté mais le bonhomme a tellement abusé des substances qu’elles couleront probablement à tout jamais dans sa musique. Sur le Net traînaient déjà ses reprises de Van Morrison, Dr. Feelgood et Chris Isaak ( Karaoke For One est disponible en streaming)… Ici, All Women Love Me sonne comme un titre des Beach Boys tout droit sorti de l’esprit déjà cramé de Brian Wilson. L’enjoué Teenage Toy semble échappé des années 80. Heathrow évoque une chanson de Noël jouée une chaude après-midi d’été sur une plage au milieu des vahinés…

Better call Saul

Country surf, vieille pop électronique, exotica, easy listening… Il y a de tout ça sur ce disque délavé qui tourne souvent au ralenti. Et en même temps un côté halluciné, Syd Barrett du XXIe siècle. Hits Hits Hits de la Fat White évoquait l’histoire tendue d’Ike et Tina Turner. Insecure Men intitule un de ses morceaux Whitney Houston and I et s’interroge sur Gary Glitter ( Mekong Glitter), star déchue du glam condamnée pour pédophilie. Un disque de pop dérangé, bancal et addictif.

Insecure Men

Distribué par Fat Possum/V2. Le 27/04 aux Nuits Botanique.

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