Benedetta

Réalisateur de Benedetta, Paul Verhoeven explique, dans l’édition Blu-ray du film, s’être brouillé avec son scénariste de toujours, Gerard Soeteman (ils collaboraient déjà sur Wat zien ik, son premier long, en 1971), au sujet de l’orientation à donner à l’adaptation du livre Immodest Acts de Judith C. Brown. Alors que Soeteman voulait privilégier l’aspect conquête du pouvoir, le cinéaste souhaitait pour sa part explorer une relation lesbienne au XVIIe siècle, confiant finalement l’écriture à David Birke, auteur précédemment du scénario de Elle. Situé dans le couvent de Pescia, en Toscane, Benedetta raconte donc l’histoire de Benedetta Carlini (Virginie Efira), nonne sujette à des visions du Christ, à qui l’arrivée d’une novice, Bartolomea (Daphné Patakia), va ouvrir les voies du plaisir charnel. Non sans qu’une lutte de pouvoir ne l’oppose bientôt à la mère-abbesse, soeur Felicita (Charlotte Rampling), la petite communauté religieuse se déchirant tandis qu’à l’extérieur, la peste fait des ravages. Alléchant sur le papier, le cocktail de sexe, d’extase et de pouvoir présidant au film se révèle en définitive modérément intéressant. S’il veille à préserver l’ambiguïté de son héroïne -mystique ou manipulatrice?- que souligne le jeu, tout en candeur forcée, de Virginie Efira et qu’il ne se fait faute d’épingler l’hypocrisie de l’Église comme la corruption du pouvoir, Verhoeven ne peut réprimer sa tendance à la provoc facile. Survendu comme le film choc du dernier festival de Cannes, Benedetta tient plutôt de la farce datée et kitsch, au point que l’on en oublierait presque les enjeux qui le sous-tendent, résonnant pour certains avec le présent. Pas de quoi fouetter un chat. Ni, du reste, y sacrifier une amitié de 50 ans…

De Paul Verhoeven. Avec Virginie Efira, Daphné Patakia, Charlotte Rampling. 2 h 12. Dist: Belga.

6

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content