Beauté du geste

De Nicolas Zeisler, éditions Le Tripode, 200 pages.

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Mélange explosif de flamboyance et de tragique, de sauvagerie et de noblesse, la boxe a toujours fasciné les écrivains. Avec audace et panache, Nicolas Zeisler, journaliste pratiquant -« J’ai boxé à Paris et à Mexico pour un palmarès enviable d’une défaite en un combat« , avoue-t-il-, ajoute aujourd’hui sa contribution à ce vaste panthéon littéraire. Aux faits biographiques certifiés (résumés dans une annexe illustrée d’affiches arty du Collectif Les 400 coups), il a préféré la rêverie vagabonde, capturant ses 36 héros, de James Jeffries à Mike Tyson en passant par Rocky Marciano, en autant de textes courts et vaporeux. Des portraits tissés dans la soie d’une anecdote, d’un trait de caractère ou d’un morceau de bravoure. Le tout distillé sur le ton feutré de la confession, sentiment renforcé par le tutoiement systématique. Qu’il imagine la discussion qu’auraient pu avoir le poète Arthur Cravan et la légende Jack Johnson avant de s’affronter, qu’il évoque la combativité de Georges Carpentier face à Dempsey, qu’il dépeigne les liens obscurs de Sonny Liston avec la mafia, Zeisler traque les fragilités, les failles, les doutes et les démons de ces champions. Sa prose rythmée et lyrique virevolte comme Ali devant Foreman. à travers cette galerie de surdoués, de besogneux, de filous, d’esthètes, de durs à cuire, c’est l’humanité sous toutes ses coutures qui défile. « Avoir du cran, garder la distance, répondre aux coups du destin, relever le gant… qu’on boxe avec les mots ou qu’on boxe tout court, la vie est un foutu combat au finish », écrit-il à propos d’un autre puncheur, mais dans la catégorie bistrot et philosophie celui-là, Charles Bukowski.

L.R.

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