Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

DURY SOUS BAXTER – ON PENSAIT L’AVOIR DÉFINITIVEMENT PERDU. LE FILS DE IAN RÉAPPARAÎT À 39 ANS AVEC UN TROISIÈME ALBUM POP À LA FOIS LUMINEUX ET MÉLANCOLIQUE.

« HAPPY SOUP »

DISTRIBUÉ PAR EMI.

Fils de Ian, figure attachante des alentours du punk, auteur par erreur d’un hymne, le fameux Sex & Drugs & Rock & Roll, Baxter Dury est tombé dans la marmite quand il était petit. C’est lui le gamin, les mains dans les poches et la moue boudeuse, qui trône à 6 ans avec son nabot de père devant un magasin de lingerie sur la pochette du classique New Boots and Panties!! (1977). Un disque que le pater entamait en racontant ses érections matinales…

Baxter a cependant traîné avant de marcher sur les traces de « daddy ». C’est après avoir quitté l’école à 15 ans, s’être intéressé à l’art et plus particulièrement au cinoche, qu’il s’est mis à composer des morceaux en compagnie de Ben Gallagher, un autre fils de, celui de Mickey, le claviériste des Clash. Il ne s’est d’ailleurs jamais produit en public avant l’âge de 28 ans et le jour de l’enterrement de son père, décédé le 27 mars 2000.

Happy Soup, le troisième album de Baxter, le premier à sortir sur une major, pour lequel le garçon ne semble pas être une priorité alors qu’il signe l’un des meilleurs disques que le label aura à défendre cette année, est tout sauf une surprise. Sortis de manière plus que discrète, Len Parrot’s Memorial Lift et Floor Show étaient déjà 2 petites merveilles de pop tordue. Quand Pete Doherty, qui lui a avoué avoir écouté son premier album en prison, a été amené à concocter une compilation pour le NME, Baxter Dury est l’un des seuls artistes modernes qu’il ait choisis.

Le garçon a de bonnes relations. Il a invité sur Len Parrot’s… un certain Richard Hawley et le tandem Geoff Barrow-Adrian Utley de Portishead. Puis, bossé avec Damon Reece et Mike Mooney, 2 anciens Spiritualized.

« Psychédélisme de bord de mer »

Pour vous donner une petite idée du personnage, quand nous l’avions rencontré en 2005, à la sortie de Floor Show, le garçon portait un t-shirt des Sons and Daughters fourni en dépannage par son attaché de presse. Il n’avait pas eu le temps de se changer depuis un mariage auquel il avait assisté 3 jours plus tôt. Produit par son fidèle collaborateur Craig Silvey (Arctic Monkeys, Portishead), Happy Soup est plus propre que son auteur. Décalé, il parle à son sujet de  » psychédélisme de bord de mer« . Belle image. Ce disque un peu psyché, un peu kraut, est assurément plus pop et moins sombre que ses prédécesseurs. Eclairé par le son des claviers et la voix de l’Australienne Madelaine Hart (3 duos et plein de ch£urs).

Le timbre est toujours grave, doux et nonchalant mais Baxter s’écarte des disques sous perfusion. Des titres comme Isabel, Claire (les filles semblent tarauder le fils comme elles obsédaient le père) et Trellic ont des côtés presque guillerets. Là où Picnic on the edge fait planer sur Happy Soup le fantôme de papa. Pas loin de Graham Coxon, le guitariste de Blur dont on ne peut que recommander les albums solo, Baxter s’est définitivement taillé une place de choix au panthéon des songwriters anglais de sa génération. Dury est fait pour durer.

JULIEN BROQUET

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