SOUTH BY SOUTHWEST. AUSTIN. UNE PETITE CENTAINE DE CLUBS. 2000 GROUPES. PAS LOIN DE 10 000 CONCERTS. ON Y ÉTAIT. ET AVEC UN PEU D’AIDE, ON VOUS RACONTE.

Il y a 2 choses qu’il faut savoir avant de se jeter dans la gueule du loup. Cette bête texane qui, pendant pratiquement une semaine, hurle toute la journée et jusqu’au beau milieu de la nuit (habitude américaine, après 2 heures, il faut se rabattre sur les after) est ce qu’il se fait de mieux, et parfois forcément de pire, dans la musique d’aujourd’hui. D’abord, il est impossible de respecter son planning. De voir ce qu’on a sélectionné. Quand on l’a prévu. Là où on l’avait imaginé. Il y a toujours bien quelqu’un pour vous emmener voir Braids dans la cour d’un garage reconverti en salle de concert le temps d’un week-end ou vous empêcher d’enchaîner Kurt Vile et Deerhunter pour vous faire attendre dans une queue sur un trottoir. Ensuite, il faut se faire à l’idée qu’on n’a pas été marqué, bluffé, scotché par les mêmes trucs que les autres. Lâchez des siamois à South By Southwest qu’ils seraient encore foutus de ne pas voir les mêmes concerts. On a donc pratiquement transformé tous les Belges qu’on a croisés (artistes, représentants de label, programmateurs, bookeurs) en scouts de luxe.

En ce qui nous concerne, la grosse claque de SXSW, c’est Odd Future. L’avenir du rap made in America. Une espèce de Wu Tang californien. Une tripotée de jeunes Blacks excités qui chantent le viol et les tueurs en série avec agressivité et lenteur sur des beats qui vont à du 2 à l’heure. Zinzins, entre le puéril et le flippant, les gamins emmenés par Tyler The Creator n’hésitent pas à se jeter de 6 ou 7 mètres de haut (bien élevés, ils retirent quand même leurs pompes) et à foutre le bocson sans trop comprendre ce qui leur arrive. Bouchez les oreilles de vos gosses…

So sixties…

A Austin, tous les groupes ou presque multiplient les concerts. On voit dès lors autant de trucs gratuits, l’après-midi, que dans la programmation officielle. Près de là où on crèche, un mini magasin de disques, le tiers du Caroline, enchaîne des concerts tous les après-midi de la semaine. « Free Beers. Don’t forget the tip. » On se sert dans une glacière remplie de flotte à moitié gelée et on paye en pourboire. D’autant mieux que la boutique accueille Thee Oh Sees (à ne pas rater à l’AB, le 5 juin, avec les Sonics lors d’une des soirées les plus rock’n’roll de l’année), les Strange Boys et, découverte, Shannon and the Clams. La chanteuse, bien en chair, joue apparemment dans le groupe punk gay Hunx and his punx. Son trio, garage pop, vient d’Oakland, surfe sur une vague très sixties et sort ces jours-ci son 2e album, Sleep Talk, sur le bien nommé label 1.2.3.4 Go Records. Un autre bonhomme en qui on croit, c’est Hanni El Khatib. Maman vient de Palestine. Papa des Philippines. Hanni, lui, aime le skate et le bon vieux rock’n’roll. Une guitare. Une batterie. Un duo. On pense Black Keys, White Stripes (You Rascal You) mais pas seulement. Dead Wrong est plutôt le genre de morceau qu’on s’imagine faire péter dans la décapotable en amenant une fille au drive-in se faire une toile.

Bain de soleil

Des filles, on en a vues à Austin. Parfois, elles sont canadiennes, noisy et dans un bon trip à la Sonic Youth ( No Joy). Parfois, branleuses, elles se la jouent queen du garage rock avec une copine, des lunettes de soleil et une boîte à rythme ( Colleen Green). Quand elles ne chantent pas dans Tennis, un peu fadasse tout de même.

A côté des Queens of the stone age, des Yoko Ono, des Snoop Dogg et des Strokes (toute l’industrie du disque américaine est à Austin à la mi-mars), South by Southwest, c’est Josh T. Pearson, de Lift to experience, qui envoûte une église (bientôt, le 9 avril, ce sera au tour du Bota). Les Mujeres, Black Lips espagnols, qui font danser l’un des patrons du Primavera dans un bar. L’Anticonien Baths, protégé de Daedelus, qui balance ses LA beats. Buck 65 qui nous fait regretter de ne pas le voir plus souvent en Europe. Les protégées d’Animal Collective, Prince Rama, en plein trip arabisant avec leur danseuse hindoue sur le toit d’un immeuble. Les Suédois de Friska Viljor aussi bourrés que les mecs devant lesquels ils jouent. Ou encore Givers, bien parti pour devenir le nouvel ambassadeur de la pop du soleil… Givers, c’est un peu comme si les Talking Heads avaient donné un stage d’un mois à Vampire Weekend. Le chanteur a la dégaine et la bougeotte d’un David Byrne. C’est plein de percus. Ultra poppy mais d’une énergie dingue. Oubliez le solarium et le bronzage artificiel. Allez, on passe le relais… l

TEXTE JULIEN BROQUET, À AUSTIN

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